Le choc ! L’arrivée en Corée c’est un peu le début d’un nouveau voyage. Fini la bonne vieille culture Russe et les paysages infinis et désertiques, place à une toute petite péninsule ultra moderne aux montagnes verdoyantes qui tombent à pic dans la mer.

Dès la montée dans le bateau à Vladivostok on se sent déjà bien loin du transsibérien et pratiquement arrivé en Corée ! Que ce soit les grands dortoirs composés de lits superposés ou de tatamis avec des autocollant type Hello Kitty pour préciser les numéros des lits, la salle de bain commune à la japonaise avec une rangée de douches alignées devant lesquelles chacun peut s’assoir en face d’un miroir pour faire sa toilette avant de se plonger dans un grand bassin chaud avec hublots sur la mer, ou encore la présence d’un karaoké sur le bateau !

Une belle brochette de coréennes qui chantent et dansent sur le pont. On sent qu'on va l'aimer ce pays!

On passe la traversée en compagnie de Mathilde et Edouard, deux motards Français qui ont plus ou moins suivi la même route que nous en Asie Centrale et de Géraldine et Patrick avec leur deux enfants Titouan (10 ans) et Tao (7 ans). Eux voyagent en tandem mixte avec les enfants qui pédalent couchés à l’avant tandis qu’ils sont en position droite derrière. C’est super impressionnant d’imaginer toute cette petite famille voyager ensemble (ils n’en sont pas à leur premier voyage et ont déjà parcouru l’Amérique du Sud avec Titouan âgé de 2 ans et le Népal avec Titouan et Tao âgés de 5 et 2 ans). Bref, on discute bien avec eux et on prend des idées pour la suite ! :-p

Les bains publics du bateau nous font bien plaisir après 5 jours de train !

Le trajet passe bien vite entre toutes ces discussions, la découverte des fameux bains japonais, l’admiration des côtes escarpées et du coucher de soleil sur la mer, les premiers contacts avec les coréens franchement rigolards qui chantent et dansent sur le pont ou jouent dans les dortoirs. Heureusement pour ne pas rendre la transition trop brusque, le bateau emmène avec lui un peu de Russie et Edouard sera ainsi invité à partager cognac Arménien et cornichons avec deux Russes déjà bien entamés mais toujours fort sympathiques !

Nasdrovia ! Une dernière lampée de Cognac avec les russes avant de rentrer définitivement en Corée !

Après une bonne nuit de sommeil, on arrive tôt dans le port de Donghae. Le premier paysage de la Corée que l’on aperçoit depuis le bateau sera finalement assez représentatif de ce qu’on pourra voir du pays par la suite : une nature luxuriante et préservée avec des montagnes escarpées couvertes de forets qui se jettent à pic dans la mer mais également une usine ultra moderne que l’on croirait construite en Lego.

Alors que la plupart des passagers se ruent sur la sortie en formant une très grande file une bonne demi-heure avant l’ouverture des portes, on prend le temps de petit déjeuner et de rassembler nos bagages avant de sortir en dernier du bateau et de remettre tout le barda sur le vélo. La file est bien longue devant nous quand nous arrivons aux douanes mais encore une fois, lorsqu’une douanière nous voit avec nos vélos elle vient nous chercher et nous fait passer devant tout le monde. C’est avec un peu d’embarras que l’on « gruge » royalement la centaine de personnes en train d’attendre. Un passage aux rayons X et ça y’est ! On est en Corée !

Première aperçu de la Corée: Mer, usine ultra moderne et montagnes vertes!

Nous partons plein Sud en direction de Busan où l’on doit embarquer pour le Japon. On arrive très vite dans une petite ville où l’on s’arrête pour récupérer des Wons (la monnaie locale) et prendre un peu la température. On est excité comme des puces dans la rue, tout nous semble tellement nouveau et dépaysant ! On observe tout avec des grands yeux, on a hâte de découvrir ce pays dont on ne connaît rien mais on le sent, qui va nous plaire ! Le dépaysement commence déjà à la banque, on ne comprend rien aux distributeurs de billets ultra modernes avec beaucoup trop de boutons et d’écrans ! Heureusement la banquière n’hésitera pas à quitter son poste pour nous aider. On va ensuite faire notre petite visite traditionnelle du supermarché : on ne connait pas la moitié des produits mais on retrouve des supermarchés ultras fournis à l’occidental, on va pouvoir varier un peu notre alimentation ! Par contre on se rend bien compte que le niveau de vie n’est pas le même : les fruits et légumes sont hors de prix et on est « impressionné » par l’abondance d’emballages : la salade est vendue par feuilles, les carottes sont emballées individuellement, les gâteaux sont dans deux emballages différents en plus de la boite en carton, il y a des rayons entiers de bols de noodles instantanées emballées et suremballées…

Troisième étape importante après le retrait de l’argent et la découverte du supermarché : se sustenter ! On a faim, on s’arrête donc dans un petit restaurant qui nous a l’air bien sympathique. On ne comprend pas un mot de la carte et le charmant couple de vieux qui tient le restaurant ne parlent pas un mot d’anglais. On finit donc par leur faire comprendre de nous servir ce qu’ils souhaitent ! Après quelques minutes ils reviennent avec une sorte de grosse bouillabaisse succulente accompagnée d’une demi-douzaine de petits assortiments de délicieux légumes vinaigrés et épicés comme c’est la tradition en Corée. Première expérience culinaire réussie !

Premier resto ! On a rien compris mais on n'est pas déçu !

Allez, après cette première découverte du pays, c’est parti pour le vélo ! La première partie de la route consiste à suivre une longue piste cyclable qui suit la côte Est de la Corée. On alterne entre villages de pécheurs, plages et montées descentes dans les petites montagnes qui bordent la mer. Certaines routes sont probablement les plus raides du voyage mais heureusement toujours très courtes ! C’est magnifique et on apprécie beaucoup le calme et la variété de la piste cyclable. On aura quand même quelques surprises sur le tracé de la route qui nous fera arriver sur une aire d’autoroute peuplée de motards avant de nous faire passer sur la bande d’arrêt d’urgence de l'autoroute (en sens inverse bien sûr !).

On traverse régulièrement des petits villages de pécheurs toujours très calme et très paisible

Les « konbini », ces petites superettes modernes qui vendent absolument de tout sont partout ! Elles regorgent de noodles, sucettes de saucisses et autre malbouffe mais on y trouve aussi pas mal de petits plats frais préparés dont les onigiris, des boules de riz fourrées à diverses saveurs (thon mayo, bœuf épicé…en vrai elles ont surtout le gout de riz !) qui font des snacks plutôt nourrissants. On y fait souvent des pauses pour piquer de l’eau chaude et on n’hésite pas à s’y abriter de la pluie !

Les bivouacs sont faciles, on commence par camper sur la plage, souvent avec de l’eau potable et des toilettes toujours propres (le luxe !) puis on se décide à tenter le bivouac « urbain » alors que la météo annonce beaucoup de pluie et de vent, dommage collatéraux d’un typhon qui sévit au Japon. On décide de s’éloigner un peu de la côte et dans un petit village pas trop loin, on repère un parc plutôt agréable avec toilettes, eau courante et électricité ! Le poste de police est juste à côté et on décide de demander si c’est ok pour camper dans le parc. Les flics ne semblent pas très chauds et tournent pas mal autour du pot. On finit par comprendre qu’ils ne veulent pas engager leur responsabilité et nous donner une autorisation franche mais ils sont ok pour fermer les yeux ! C’est parti pour notre première nuit urbaine en mode « SDF citadins ». Par la suite, à mesure qu’on s’éloigne de la côte, on n’hésitera plus à squatter les confortables parcs coréens qui sont franchement des lieux de bivouac idéals. On essaiera une fois d’aller dans un camping officiel mais les tarifs exorbitants (30€ la nuit) nous feront vite fuir.

La vue depuis la fenêtre de notre maison. On ne se lasse toujours pas des couchés de soleil!

Après 3 jours à longer la côte, on arrive au petit parc de Haesingdang célèbre pour ses sculptures Phalliques. C’est l’occasion de gros fous rires et d’une petite pause déj’ dans ce parc complètement délirant remplis de phallus plus ou moins décorés qui, synonymes de fertilité, sont l’objet d’une véritable vénération dans certains mythes locaux.

On quitte ensuite la côte pour se diriger vers l’intérieur des terres et découvrir un paysage de montagnes entrecoupé de rizières et vergers dès que le terrain le permet. Malgré l’absence de piste cyclable, la route est assez agréable et on arrive vite à Gyeongju, la capitale de l’ancien royaume de Silla qui remonte au premier millénaire après JC. Le centre-ville est plutôt sympathique bien que très touristique mais on est un peu déçu par les célèbres tombes des rois de Silla qui sont en fait de grands monticules d’herbe. On ne pourra pas visiter l’unique tombe ouverte au public car elle est en réfection…On se rattrapera avec la visite de quelques temples toujours ultra colorés et très beaux.

A la sortie de Gyeongju, on tombe sur Bertrand et Geneviève jeunes retraités débordant de vitalité qui parcourent les routes en Side-car ! Trop la classe ! On s’arrête pour discuter un peu de nos expériences de voyage avant de reprendre la route. Encore une rencontre bien inspirante. On croise également beaucoup de cyclistes Coréens sur la route, tous couvert des pieds à la tête, pas un seul bout de peau ne dépasse ! Plus en mode sport, léger et rapide que nous, ils s’arrêtent rarement pour discuter mais on échange toujours avec plaisir un salut. Ici pas question de faire un signe de la main, c’est tout le corps qui s’incline !

Pour la fin de la route, on décide de couper par une route plus importante pour arriver vite à Busan et être en temps et en heure pour retrouver notre chère et tendre Florie Bazine qui se rend régulièrement au Japon pour d’importants voyages d’affaires (hihi). La route devient alors franchement moins intéressante, on pensait que ce serait une petite route désertée par la proximité de l’autoroute plus directe mais en fait on débarque sur une deux fois trois voies bien chargée où l’industrialisation et l’urbanisation vont croissantes. C’est moins joli et plus oppressant que le début de la route et on est finalement bien content d’arriver dans l’énorme ville de Busan ! La ville est concentrée dans les petites zones de plaine entre les montagnes vertes ce qui donne lieu à une très grande densité de buildings ultra modernes qui s’étendent sur une grande distance le long de la côte. On rejoint Christopher, un hôte Warmshower qui a gentiment accepté de nous héberger pour une nuit avant que l’on prenne le bateau direction le Japon le lendemain soir. Christopher est un belge qui vit en Corée depuis quelques temps déjà, c’est marrant de discuter avec lui de sa vie d’expat’ et d’en apprendre plus sur sa vision des cultures Coréenne et Japonaise.

Encore un couché de soleil sur la plage mais cette fois-ci en plein cœur de la gigantesque et active Busan

Le lendemain, on profite de notre dernière journée à Busan pour un tour au grand temple de Haedong Yonggung, au bord de la mer. Après 10km de montées/descentes à vélo le long de la côte on finit par atteindre le temple, vraiment canon. Les statues des signes astrologiques chinois nous intriguent particulièrement et Cécile découvrira – à son grand désespoir -- qu’elle est né sous le signe du serpent (sa plus grande phobie… !). L’heure de retourner chez Christopher chercher nos bagages arrive vite et on se rend au port à 10km de là ! Le bateau ne part pas avant 20h mais il faut nous enregistrer bien avant et on s’y rend vers 15h30 pour être sûr que tout va bien. On y rencontre Lorrin, un cyclotouriste suisse qui a suivi à peu près le même itinéraire que nous.

Le superbe temple Haedong Yonggung

En attendant le bateau, on décide de tous aller au grand marché au poisson de Busan. C’est l’un des plus grands marchés de poissons du monde et on y voit des trucs pas vraiment ragoutant…Les poulpes vivants, les vers de mer qui ressemblent à des bouts d’intestins empilés les uns sur les autres ou encore les anguilles écorchées vivent qui bougent encore…mais l’ambiance est ultra vivante et franchement amusante. Lorrin qui est déjà passé au marché le matin nous explique que la plupart des poissons arrivent en fait surgelés, pris dans des gros blocs de glace. On se rend ensuite dans une petite rue célèbre pour la délicieuse nourriture « sur le pouce » que l’on peut y trouver et on a la surprise de tomber sur Harry et Diana deux cyclotouristes néerlandais qu’on avait déjà croisé à Samarcande en Ouzbékistan ! Eux prennent le bateau le lendemain pour le Japon.

"Il est frais mon poulpe, il est fraiiiiis!"

On retourne ensuite au port, cette fois-ci pour embarquer pour le Japon ! Cette petite semaine en Corée fut bien courte et on aurait sans problèmes pu y passer plus de temps. On gardera une excellente image de ce pays ultra moderne mais où il est également très facile de s’échapper sur des petites routes quasi désertes dans des paysages luxuriants et magnifiques. On n’aura malheureusement pas eu l’occasion d’avoir longues rencontres avec les coréens mais les petits échanges sur le bord de la route et dans les magasins nous laissent l’image d’un peuple franchement sympathique et très gai.

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