Et c’est parti pour parcourir en 8 jours plus de kilomètres qu’en 6 mois de vélo ! On est un peu déçu de pas pouvoir passer plus de temps en Russie mais on a bien l’intention de tirer profit de ces quelques jours de train dans le mythique transsibérien, à vivre au rythme des paysages de forêt de Sibérie et des odeurs de nouilles instantanées !


En fait, le trajet commence au Kazakhstan à Almaty d’où nous devons prendre un train pour rejoindre Novossibirsk en Russie et de là embarquer pour Vladivostok pour 4 jours et 5 nuits dans le transsibérien à proprement dit. Précisons d’ailleurs que le transsibérien ne désigne pas vraiment un train mais plutôt la ligne de chemin de fer reliant Moscou à Vladivostok et par extension tous les trains qui l’empruntent.


Prêts pour l'embarquement !


Bref, nous partons donc d’Almaty ! On arrive assez tôt à la gare et pour être honnête on est un peu stressés, c’est toujours compliqué de mettre les vélos dans un train. Il faut souvent attendre le dernier moment avant d’avoir le numéro du quai puis c’est le branlebas de combat pour emmener les vélos et les sacoches au bon endroit à travers escaliers et voyageurs ultra chargés et pressés. Il faut ensuite démonter en vitesse les vélos, les hisser avec les sacoches dans le train et essayer de caler tout ça quelque part sans trop gêner les autres voyageurs. Heureusement cette fois-ci on a de la chance, le quai de départ est juste devant nous, pas besoin de traverser la haute passerelle qui nous faisait bien peur ! Les chefs de wagon kazakh sont hyper sympathiques et nous aident à tout charger dans les rangements situés au-dessus de nos couchettes. C’est parfait, on dirait presque que c’est prévu pour ça : en démontant simplement les roues et tournant les guidons ça tient parfaitement !


Installation acrobatique des vélos !


Dans le train on a les deux lits supérieurs avec, en dessous de nous, deux mamas Kazakh et Russes. La première, adorable, nous donne des pommes et ne cesse de nous sourire et de nous expliquer pleins de choses qu’on ne comprend malheureusement pas toujours. La seconde est une vraie russe, ultra bourrue et terrorise toutes les marchandes ambulants en examinant à la loupe leurs marchandises. On ose à peine s’assoir sur sa banquette de peur de la déranger. Mais quelques sourires échappés devant nos tentatives d’avoir une conversation en russe nous font entrevoir un cœur en or ce qui se confirmera la nuit quand elle étendra délicatement une couverture sur Edouard qui s’est endormi ou quand elle rebordera Cécile dont la couverture commençait à tomber. Bref des compagnes de voyage en or !


"Il est frais mon poisson, il est fraiiiis" Nos deux voisines après des heures de négociations et d'hésitations se sont finalement décidés pour ce poisson fumé!


La voyage n’est jamais monotone, sans cesse passe des petits vendeurs dans les couloirs en proposant poisson fumé (un peu écœurant au petit matin), cognac, chocolat, beignet ou crêpes. Il fait un peu chaud dans le wagon, mais la vie est finalement assez agréable, on profite du samovar qui distribue de l’eau chaude en permanence, on papote, on lit, on regarde défiler les centaines de kilomètres de steppes en se disant qu’on est bien content d’être dans le train et pas à vélo ! Le wagon est très bien entretenu par les deux responsables qui vident les poubelles, nettoient les toilettes et le sol du train à tout bout de champ. Quel luxe ! A chaque gare, ils revêtent leur uniforme de cheminot puis lorsque le train repart, ils font tomber casquette et vestes et revêtent leur plus beau marcel blanc pour bichonner leur voiture et leurs passagers !


Cognac, noodles et plats préparés font le bonheur des voyageurs sur le quai de la gare!


Au bout d’un jour et demi, on arrive à la frontière Russe. Il pleuviote dehors et il fait déjà nuit noire. Quand les douaniers russes montent dans le train : silence complet ! Les douaniers ont des lampes de poches ultra puissantes qu’ils braquent sur les visages pour vérifier la compatibilité avec les passeports. Bonjour l’ambiance ! On attend sagement notre tour et là, visiblement, nos passeports ne sont pas lus par la machine. On nous fait descendre du train sous le regard inquiet des voyageurs qui se demandent ce qui va bien pouvoir arriver aux touristes et on nous emmène dans un petit bureau. Autant vous dire qu’on ne fait pas les malins ! Finalement tout le monde a l’air bien détendu, les autres douaniers sont souriants et nous confirment en anglais qu’il n’y a aucun problème ce qui achève de nous rassurer complètement ! Après quelques minutes, nos passeports sont enfin tamponnés ouf ! On retourne vers notre wagon où quelques personnes ont profité de la porte ouverte pour prendre l’air. Et là, bim ! le train se met en marche et on est obligé de courir le long du train pour réussir à monter à temps et se hisser dans le wagon. On l’avoue on a carrément l’impression qu’on vient de vivre une aventure digne de James Bond !

Arrivés à Novossibirsk !


Bref, après ce passage de frontière bien mouvementé on est enfin en Russie ! On doit changer de train à Novossibirsk ce qui nous laisse une petite journée pour prendre la température dans la capitale de la Sibérie qui est tout de même la troisième ville de Russie ! La température, parlons-en ! Le thermomètre est bien descendu ici et on dépasse difficilement les 8°C dans la journée, mais c’est finalement assez agréable après la chaleur souvent étouffante d’Almaty. La ville est grande et après un petit tour à vélo et un passage au supermarché pour recharger les stocks, on se posera tranquillement dans un café pour attendre le départ du train.


On vous confirme, on est bien en Russie !


Notre train part autour de 20H -heure de Moscou-, soit 2H du mat’ ici à Novossibirsk (et oui la ligne de transsibérien traverse 8 fuseaux horaires donc pour que les gens s’y retrouvent, tous les horaires sont à l’heure de Moscou). Autant dire que l’attente sera un peu longue. 30 minutes avant le départ, on a enfin le numéro de quai ! On suit la foule puis tandis que Cécile se charge d’acheminer nos 10 sacoches jusqu’à notre wagon, Edouard fonce au compartiment bagages pour commencer à démonter les vélos. La responsable du wagon nous fait alors comprendre qu’ils doivent être emballés. Heureusement on avait prévu de grands sacs poubelles de 240 L et un rouleau de scotch au cas où. Le scotch est totalement inefficace mais en vitesse on arrive tout de même à ficeler tant bien que mal Shavleg et Shotor et à les hisser dans le wagon bagage, forcément accessible uniquement après avoir « escalader » les 4 marches menant au wagon et traverser un couloir ultra étroit et plein d’angles ! sisi ça a des angles un couloir ! Tout ça sous le regard rieur mais pas tellement aidant des contrôleurs ! Bref, on finit par rejoindre en temps et en heure notre voiture pour la prochaine mission : ranger les bagages avant de s’installer. Heureusement, il y a beaucoup d’espace pour nos sacoches et on ne galère pas trop, on ne regrette vraiment pas le petit supplément payé pour mettre les vélos dans la voiture bagage !


On est bien installé dans ce train tout confort du transsibérien !


On est assez surpris, la voiture est très moderne et dispose même de la climatisation, une prise électrique est à disposition et tout est propre et quasi-neuf ! On est à la fois content de ce confort et un presque déçu de ne pas vivre le transsibérien « à l’ancienne » ! Cécile est dans la couchette du bas et Edouard au-dessus. En face de nous, on a un russe de 35 ans un peu bourru qui nous propose direct du cognac et un jeune ouzbek d’une vingtaine d’année. On est en nage après l’installation des vélos et des bagages mais il fait frais dans le train. Notre hôtesse nous ramène vite nos draps et on est parti pour une première nuit dans le « vrai » transsibérien !


Même sous la pluie, on ne rechigne pas à sortir lors des pauses !


Les journées se suivent et se ressemblent mais franchement c’est agréable d’avoir ce temps pour lire, discuter, regarder le paysage, écouter des podcasts, rêver. On se réveille et on prend vite un petit déjeuner à base de thé, pain et nutella :D puis on vague à nos occupations en profitant des nombreux arrêts en gare pour prendre un peu l’air et se dégourdir les jambes. Les déjeuners sont également à base de pain avec un confit de tomates/poivron, du pesto ou de la mayonnaise puis des pommes et du chocolat en dessert. Le soir, on se fait des noodles avec l’eau chaude du samovar, c’est parfait !


Ouf, un peu de soleil quand même!


Les paysages sont magnifiques, l’automne est déjà là en Sibérie et les forêts nous émerveillent de couleurs orange et rouge. On adore regarder les petits villages, si différents de l’Asie centrale et essayer d’imaginer comment vivent les gens dans cette partir reculée du monde. Au bout de deux jours, on arrive à Irkoutsk puis au lac Baïkal. Le lac est incroyable, encaissé dans de petites montagnes couvertes de végétation verte et orangée. On en profite à fond mais c’est tellement frustrant ! On a envie de sortir, d’aller marcher, se balader le long du lac…du coup on se promet qu’on y reviendra ! On le longera pendant 5-6H avant de s’éloigner vers Ulan-Ude.


Un petit bout du lac Baikal...si proche et pourtant inatteignable pour nous...ça sera pour la prochaine fois !


L’ambiance dans le train est plus sérieuse que dans notre premier train Kazakh, fini les petits vendeurs avec leurs poissons fumés et leur bouteille de cognac, ici le service est dirigé par la ligne de chemin de fer. Une hôtesse parcoure les couloirs avec un petit chariots rempli de boissons et sucreries tandis qu’une autre propose un plateau avec hot-dog et beignet à la pomme. C’est sur le quai des gares ou on retrouve un peu plus d’ambiance, avec quelques grand-mères vendant du poisson ou des gateaux maison et de petits magasins où les voyageurs se ruent pour acheter un pot de noodles ou une miche de pain pendant les pauses qui durent entre 5 et 30 minutes.

Nos voisins ne sont pas des plus bavards mais à force de questions on finit par apprendre que le russe de 35 ans bourru part à l’extrême Nord-Est de la Sibérie pour travailler dans une mine d’or. On est ravi de ce voisinage tellement romantique et digne d’un voyage en transsibérien ! Cécile le fera bien rire en lui demandant s’il cherche de l’or au fond des rivières, on comprendra alors qu’il est plutôt mineur sous terre pour une grosse entreprise ce qui est un peu moins romantique…La seule autre précision que l’on aura sur sa vie en pleine hiver au fin fond de la Sibérie est qu’il peut faire -70°C en hiver et que dans ces cas-là on ne peut pas faire pipi dehors sinon ça gèle ! On passera la dernière journée avec une jeune sibérienne étudiant à Sydney et parlant un très bon anglais avec qui il est plus facile d’échanger.


Chaque pause l'occasion de se dégourdir les jambes, monter et descendre les escaliers, observer tous ces gens qui montent et qui descendent en essayant d'imaginer leur vie!


Après près de 5 jours, on arrive à Vladivostok presque étonné que ça soit passé si vite ! C’est le petit matin et le soleil et le ciel bleu nous mettent de bonne humeur ! On retrouve nos vélos qui n’ont pas souffert du voyage et on part à la découverte de la ville. On sent bien les influences Chinoises et Coréennes ici, beaucoup d’enseignes sont traduites en Chinois. On sent également qu’on est dans un important port militaire avec les énormes navires de guerre à quai, les marins que l’on croise un peu partout et les nombreux monuments militaires qui ornent la ville. On a un peu l’impression d’être à Brest mais un peu plus à l’Est !


On est à Vladivostok !!!


Malheureusement le bateau pour la Corée part à 15h et on n’a pas trop le temps de visiter la ville en profondeur surtout qu’on doit être au port dès 12h pour récupérer nos billets et embarquer. Quand on arrive, la queue est déjà énorme et on décide plutôt d’aller attendre au soleil sur la grande terrasse située juste à côté et de patienter en observant l’activité démesurée du port. Finalement 5 minutes avant l’ouverture de l’embarquement, alors que les gens font depuis près d’1h la queue, un mec vient nous chercher et nous fait passer devant tout le monde à cause des vélos…oups ! On est ultra gêné mais un peu content il faut l’avouer ! Après avoir descendu trois escaliers, chargé et déchargé deux fois les vélos, passé la douane et remonter des escaliers pour attendre le bateau, on est enfin à bord ! Et là on se sent déjà tellement loin de l’Asie centrale et de la Russie que la suite du voyage ce sera pour le prochain épisode avec le récit de notre petite semaine de vélo en Corée !


Embarquement pour la Corée !


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