Kazakhstan : quelques centaines de kilomètres de steppe devant nous et surtout une longue pause à Almaty pour faire nos visas russes. Après 3 mois en Asie centrale à travers montagnes et petits villages, on l’avoue, on a hâte d’arriver dans cette immense ville proche des « standards européens » et en grande partie pour la nourriture !!


Les passages de frontières sont souvent l’occasion de visualiser des contrastes entre les deux pays voisins. En arrivant au Kazakhstan, on remarque tout de suite que la plupart des gens sont plus typés caucasiens qu’asiatiques et semblent parler plutôt bien anglais ce qui nous change pas mal des pays précédents ! Sur la route, on se retrouve par exemple à discuter avec un jeune couple au volant d’un gros 4x4 en étant persuadés que c’était des touristes américains alors qu’en fait pas du tout, c’est bien des kazakhs habitants à Almaty !! Aussi, alors qu’au Kirghizistan les kirghizes ne venaient pas tellement nous parler d’eux même, ici les gens nous saluent immédiatement avec de grands sourires joviaux et nous souhaitent la bienvenue. On quittait le Kirghizistan avec un petit pincement au cœur et ça nous remonte bien le moral ! Bref, nous voici arrivé dans un nouveau pays et on se marre bien en voyant que sur le grand portique qui marque la frontière Kazakh, un « Good luck » géant s’adressent à ceux qui entrent au Kirghizstan !


Après cet objectif de frontière, on décide qu’on en a fait assez pour la journée. La route est en réfection et on roule sur une piste bien pourrie. On plante la tente à l’abri de tas de sables formés par les engins de chantier sur le côté de la route. On est un peu proche de la route mais la frontière ferme 10 minutes plus tard et du coup on passe une soirée et une nuit tranquille avec une superbe vue sur les montagnes des Tian Shan.


Joli coucher de soleil sur les Tian Shan, juste après la frontière


Le lendemain on rejoint vite l’asphalte qui nous mène vers la ville de Kegen. Le contraste avec le Kirghizstan est saisissant, non seulement le paysage s’assèche considérablement mais surtout, il s’aplanit de façon spectaculaire, on sent bien qu’on est arrivé dans un pays de steppes ! Après avoir retiré de l’argent et fait quelques courses à Kegen, on sort de la ville et on aperçoit au loin une espèce de petit village un peu ton sur ton avec le sable rose orangé de la steppe, c’est intrigant ! En se rapprochant, on se rend compte que c’est un cimetière ! Les nombreux mausolées sont impressionnants et on est vraiment surpris par la taille de ces véritables nécropoles qui rivalisent largement avec les cimetières kirghizes qui nous avaient pourtant déjà bien marqués.


En réalité, c’est après un dernier petit col après ce cimetière qu’on réalisera vraiment qu’on est dans les steppes du Kazakhstan. On arrive sur une énorme étendue plate qui s’étend à perte de vue, seulement bordée à gauche par les contreforts des montagnes. Pas de végétation, seulement quelques petits rongeurs qui filent se cacher sur notre passage et le ruban d’asphalte qui se déroule jusqu’à l’horizon. Dans ce paysage, les petits villages prennent l’allure de véritables oasis avec leurs contours se dessinant très nettement dans la plaine sans relief.



On n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer dans la monotonie du paysage car après une trentaine de kilomètres, on arrive dans la zone du Charyn Canyon connu pour être « comme le fameux Grand Canyon américain mais en plus petit » ! On décide de s’arrêter camper à côté de la rivière Charyn, l’endroit est magnifique et la présence de la rivière permet à la végétation de réapparaitre ici. Le rouge de la roche contraste magnifiquement bien avec le vert qui borde la rivière bleue argentée. Et un peu de relief c’est pas plus mal pour se cacher un peu de la route et s’abriter du vent !


La rivière Charyn : une oasis de verdure dans ce décor aride.


Le lendemain on fait un petit détour pour aller admirer ce fameux canyon. On a un peu la flemme surtout qu’on ne veut pas traîner pour arriver à Almaty au plus vite et entamer les démarches pour les visas russes. Mais bon on se finit par se motiver et on s’engage sur les 15km de pistes qui séparent la route principale du canyon. La piste est horrible, du sable, des petits cailloux et de la tôle ondulée non-stop ! Heureusement ça descend et on a le vent dans le dos, donc ça passe assez rapidement. Arrivés là-bas, on retrouve un parking plein à craquer de gros 4x4 : parfait on fera du stop pour le retour ! On admire le canyon d’en haut et il est effectivement magnifique ! On ne prendra cependant pas le temps de s’aventurer dedans ça nous prendrait trop de temps, mais c’est dommage! Si vous passez là-bas prévoyez de dormir dedans, apparemment c’est sublime à l’aube. Après une petite heure passée à longer le haut du canyon on repart en compagnie d’un couple Russo-kazakh qui accepte de nous emmener. Vadim fixe nos vélos sur ses barres de toit de manière remarquable, c’est la première fois que quelqu’un prend autant soin de nos vélos !


Le Charyn Canyon, un "petit Grand Canyon" !


Ils nous proposent de nous emmener jusque Almaty, mais on refuse, on a bien l’intention de la faire la route ! Arrivés à l’asphalte, ils finissent par nous convaincre de nous emmener jusqu’au prochain village puis jusqu’à l’intersection avec la route vers le grand Canal d’Almaty. On culpabilise un peu de zapper comme ça 40kms mais lorsqu’on descend finalement de la voiture, le vent de face impressionnant et les nombreuses voitures qui doublent à toute allure nous enlèvent tout remord ! Nos chauffeurs sont vraiment super sympas et si Vadim ne parle pas anglais, son amie Mila donne des cours de russe à des étrangers et elle parle un anglais parfait. On parle un peu des us et coutumes au Kazakhstan et on essaie aussi de comprendre s’ils sont russes ou kazakhs ! Ils ont clairement un physique caucasien et se disent russes mais quand on leur demande d’où ils viennent en Russie il nous explique que non non ils viennent du Kazakhstan. En fait la frontière entre les différentes ethnies est très forte ici. Par exemple, bien que les familles de Mila et Vadim vivent depuis plus de 3 générations au Kazakhstan ils se considèrent toujours comme russes et ne parlent même pas kazakh. Avant de les quitter, Mila et Vadim nous proposent de partager leur pastèque (Arbouz en russe, un mot qu’on n’est pas prêt d’oublier vue les kilos d’Arbouz qu’on a ingurgité au cours des derniers mois !). Bien entendu, on terminera avec une flaque de jus de pastèque à nos pieds et les doigts qui collent tandis que Mila et Vadim ne laisserons aucune trace de jus derrière eux…Impressionnant, on n’a toujours pas compris leur technique (sachant qu’il n’y avait aucun joli bruit d’aspiration comme on en fait nous quand on essaie de manger « proprement » et d’aspirer le jus !)


Vadim, notre sauveur! Mila a refusé qu'on la prenne en photo à cause du vent qui l'a décoiffait trop!


On reprend notre route à vélo et après une dizaine de km sur une route déserte (on a quitté la grande route pour longer le grand canal d’Almaty) mais avec un gros vent de face, on rejoint ce canal d’irrigation qui sert à arroser les vergers et les champs dans cette partie Est de la ville d’Almaty. On continuera pendant trois jours à longer ce canal, avec un vent souvent de face mais des bivouacs aux coucher de soleil magnifiques. Sur la route on traversera quelques villages bien ruraux qui nous rappellerons que l’on est toujours en Asie centrale !


L'avantage des paysages de steppes: des ciels immenses qui permettent de profiter de coucher de soleil incroyables.


Arrivés à Almaty on se dirige vers une guesthouse qu’on avait pressenti mais sur la route, on voit les bureaux d’UPS et on ne résiste pas à aller voir ce qu’il est advenu du colis contenant les nouvelles sacoches d’Edouard (le tracking internet indique bloqué à la douane depuis quelques semaines). On signe un papier de déclaration d’importation puis l’employée nous demande où est-ce que l’on veut faire parvenir le colis, maintenant que la guesthouse a fermé. «Whaaat, Elle a fermée ?!! » Merduuum, on vient justement d’y faire adresser nos originaux de lettres d’invitation pour le visa Russe ! On leur dit de réceptionner le colis à leur bureau et on file voir ce qu’il est advenu de cette fameuse guesthouse.


Non sans mal on trouve la bonne porte après une bonne vingtaine de minutes de recherche et ouf ! Elman, le directeur de l’hostel nous ouvre. Il explique qu’il ferme l’hostel le lendemain matin et surtout, il a reçu nos lettres d’invitations ! Et bien ! il était moins une, on est bien chanceux !!! Il nous recommande un autre hostel un peu plus loin où l’on se rend après une petite bière pour fêter l’arrivée des lettres.


On est mardi après-midi, l’ambassade n’ouvre pas avant vendredi, on profitera donc de ces trois jours pour préparer les dossiers des visas, se reposer et découvrir un peu Almaty. On s’attendait bien à trouver une ville moderne, à l’Européenne mais on est vraiment surpris de trouver autant de cafés et restaurant plus chics les uns que les autres avec tout type de nourriture ! Et du coup pour fêter notre arrivée dignement on décide de clore 3 mois de nature, d’air pur et de végétarisme en dégustant…un gros burger king (presque une tradition pour les cyclistes et voyageurs !). Ensuite on va « visiter » le gros mall pas très loin de notre hostel où on retrouve avec joie moutarde et pesto. Le soir on retrouve Julia et Michel, nos compagnons de rando du Kirghizistan qui sont encore à Almaty. Ils partent demain vers Astana donc on profite de la dernière soirée pour se revoir et profiter d’une bonne soirée amicale.


Film de science fiction ou coucher de soleil sur Almaty ?


Le vendredi, on se rend à l’ambassade de Russie pour nos visas russes, nos dossiers sont prêts, complets, on a tout ! Même le billet de bateau pour sortir du pays vers le Japon. On arrive une bonne demi-heure en avance mais il y a déjà une longue queue devant l’ambassade ouverte seulement 2h, 2 jour par semaine (mardi et vendredi). Heureusement, beaucoup ne sont pas là pour les visas et l’attente est finalement assez courte. On arrive devant un mec bien sympa qui regarde sur une longue liste de pays et nous dit qu’il est impossible d’obtenir un visa touristique pour les français à Almaty ou plutôt que le délai d’attente est d’un mois sans pouvoir recourir à une formule dite « express » (on paie plus pour que ça aille plus vite). On est dépités…On était tellement sûrs que ça allait marcher, on avait regardé sur internet et certains voyageurs avaient réussis à obtenir un via récemment. On décide quand même de retourner voir le gars pour avoir des précisions et essayer de négocier mais c’est sans appel…tant pis, on aura tout essayé ! On se résigne donc à faire un visa de transit et on se dit qu’on devra simplement faire un nouveau voyage pour découvrir le lac Baïkal !! On retourne donc le mardi suivant à l’ambassade déposer notre dossier pour le transit visa que l’on récupérera le mardi d’après !


Stand fromage au green market d'Almaty: Miam!!


Au final avec ces histoires de visa on aura passé deux semaines dans cette grande ville d’Almaty. Passé l’excitation de la première journée de retrouver tant de modernité et d’abondance, le bruit des voitures, la pollution, la taille de la ville nous ont vite lassés et étouffés. Heureusement, Almaty est entourée de montagnes et en 20 minutes de bus on a accès à tout un tas de randonnées vraiment sympa. En gros à Almaty :


On a aimé :

  • La ville moderne, les petits restau’ un peu bobo qui pullulent partout, les supermarchés géants avec de nombreux produits importés (c’était cool de retrouver le pesto et la moutarde !)
  • Sabina et Natalia, les deux filles du Almaty Backpacker hostel qui ont été absolument adorables avec nous, le départ n’a pas été sans émotions !
  • Les Arasan Baths, un immense bain public où l’on peut alterner entre sauna russe, sauna finlandais, hammam turc, piscine…On a passé une heure là-bas et ce n’était pas assez !
  • Medeu, la zone de montagne au sud d’Almaty. On a fait deux randos à la journée là-bas et c’était vraiment canon, ça faisait tellement du bien de prendre l’air !
  • Le musée d’art d’Almaty, un peu de culture ça fait du bien !
  • Le parc de la Cathédrale en plein milieu de la ville, ce parc est suffisamment grand pour s’éloigner du bruit et de la pollution des grands boulevards. Un véritable havre de paix où on a passé des après-midis entières à bouquiner ou jouer aux cartes.
  • Kok Tobé à la tombée de la nuit pour regarder le coucher de soleil sur la ville, observer les gens s’amuser dans les fêtes foraines toujours assez ringardes mais amusantes.
  • Le green Market, ce bazar très « propre » où on trouve tout et n’importe quoi mais surtout des kilos de viande de cheval et autre !


Medeu : Les montagnes à 20 minutes au sud d'Almaty, l'endroit parfait pour un bon bol d'air frais !


On n’a pas aimé :

  • La circulation et la pollution, c’était l’horreur à vélo…La ville est très étendue et sur un flanc de colline. On a roulé près de 150km en deux semaines au milieu des voitures, franchement pas agréable.
  • Le manque d’un quartier piéton sympa …Les boulevards quadrillent la ville avec souvent des 2 fois deux voies et des distance énorme. Se balader et flâner dans la ville ne représente vraiment aucun charme !


Finalement, le mercredi 6 septembre on démonte enfin la tente plantée depuis près de deux semaines dans le jardin de l’hostel et on se dirige vers la gare, tout contents de reprendre enfin la route ! Nos sacoches sont pleines de sachets de thé, noodles, chocolats, gâteaux, pain, pommes et concombre, nos mp3 et liseuses chargées à block pour faire face aux 8 jours de train et de bateau qui nous attendent à travers Kazakhstan et Russie avant de rejoindre la Corée du Sud ! C’est parti pour un nouveau mode de voyage statique à l'opposé des mois précédents. On a hâte de voir comment on va supporter ces 8 jours la plupart du temps assis ou allongé, enfermé dans le train. Mais à vrai dire on pense que ça va aussi bien nous plaire!!


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