Après plusieurs semaines de pistes et de montagnes on change carrément d’ambiance : on échange pistes, montagnes et chevaux pour asphalte, plage et rando ! Moins sauvage mais ça nous plait bien aussi, à nous les journées faciles et les baignades à répétition !


Bon, com’ d’hab’ quand on s’arrête dans une guesthouse on a du mal à décoller et le temps de faire des courses, on quitte Kochkor aux alentours de 12h. L’heure parfaite pour pédaler en plein cagnard quoi ! Heureusement on a l’objectif du lac et d’une bonne baignade devant nous c’est plutôt motivant. Et puis après des semaines de montagnes et de pistes, rouler sur un asphalte parfait (selon les standards tadjiks bien sûr !) avec seulement quelques « collinettes » à traverser nous semble vraiment facile, on se sent pousser des ailes ! On arrive vite à un grand réservoir au nord de Kochkor et les montagnes qui bordent la route prennent une allure toute différente, on a un peu l’impression de retrouver les montagnes du sud de l’Ouzbékistan : du jaune, du jaune, du jaune et pratiquement pas de végétation. C’est surprenant de voir des paysages aussi désertiques après le lac Song-kul et les montagnes vertes du sud du Kirghizstan.



Bref, on se croirait vraiment dans le désert et d’un seul coup, on aperçoit, un peu à l’écart de la route, un petit groupe de dromadaires ! Incroyable ! On s’était bien habitué aux chevaux, vaches, chèvres et moutons avec qui on partage fréquemment la chaussée et les spots de bivouacs, mais on ne s’attendait clairement pas à croiser des chameaux ici. On est néanmoins bien content de cette petite rencontre, surtout Cécile qui adore ces grands mammifères et Shotor (ndlr : le vélo de Cécile, chameau en perse) tout content de retrouver des condisciples (et du coup on s’arrête pour 20 minutes de séance photos !).



Après une pause sous le seul arbre qu’on a pu trouver sur des kilomètres, on arrive vite à cet immense lac qu’est Issy-kul, les kirghiz en sont très fiers, c’est un peu la côte d’azur d’Asie Centrale ! On file direct jusque-là plage où les kirghiz profitent de la baignade pour se rafraichir. Si la plage n’est pas parfaite (pas de sable fin et des petites bestioles volantes partout), on a vraiment l’impression de se retrouver au bord de la mer. On campe au bord du lac et malgré les milliers de mouches/moustiques (on n’a pas trop compris ce que c’était…) qui nous collent aux basques on profite avec joie des baignades à répétition et d’un bon dîner face à un superbe coucher de soleil sur le lac.



Le lendemain après une dernière baignade on commence à longer le lac. Les cyclos croisés nous en avaient beaucoup parlé comme un enfer où les voitures doublent très proche, certains camions allant jusqu’à s’amuser à effrayer les cyclistes et les forcer à foncer dans le fossé. Il est vrai que la route n’est pas bien large et très fréquentée mais au final, la cohabitation avec les automobilistes se passe plutôt bien. Le choc reste malgré tout assez rude après des semaines passées loin du bruit des voitures et avec la chaussée rien que pour nous.

Après quelques kilomètres la route finit par s’écarter du lac et on se tape une petite montée pour passer un col…Nous qui pensions ne rouler que sur du plat le long du lac et bien, on s’est trompés ! Il fait chaud dans ces montagnes complètement sèches et on est bien content d’arriver en haut pour commencer la descente. Bien décidés à recamper au bord de « la mer », on se fait une bonne journée de 80km pour arriver près d’un petit camp de yourtes pour les touristes. Bon ce n’est pas l’endroit le plus authentique du pays mais le lac est tout simplement magnifique, l’eau est transparente et on voit les montagnes se dessiner de l’autre côté du lac. Alors qu’on s’apprête à plonger à l’eau, on aperçoit deux silhouettes de randonneurs se dessiner et s’approcher de la plage. Incroyable ! C’est Noé et Camille qui ont également décidé de planter la tente ici ! Trop sympa de les retrouver ! On se pose, on se prépare un gros diner (purée maison et chocolat en dessert, notre menu préféré du moment !) avec un coucher de soleil incroyable en arrière-plan et quelques bières récupérées au camp de touristes ! Bref, soirée parfaite. Un mec du camp viendra nous faire comprendre que l’endroit n’est pas sûr et qu’on devrait venir planter les tentes à l’intérieur du camp (moyennant bien entendu quelques soms en échange!) mais on ignorera ses craintes et on passera une très bonne nuit avec le bruit des vagues pour nous bercer.



On quitte Noé et Camille le lendemain pour reprendre la route qui longe la côte. Le bord du lac est de plus en plus beau ici et on apprécie beaucoup nos pauses dej’ et bivouacs sur des plages quasi-désertes et splendides même si du coup on n’a plus tellement de temps pour rouler ! On fera un petit détour pour visiter le « fairy tale canyon », magnifique à la lumière de fin de journée. On se fera finalement un peu virer pour laisser la place à deux couples qui viennent profiter du cadre pour prendre des photos de mariage, le meilleur spot étant l’endroit où on s’est posés pour admirer la vue et apparemment on gâche un peu leur photos, ouuuups !)

Notre dernier bivouac le long d’issy-kul sera un peu moins joli que les autres mais alors qu’on se réveille à l’aube (9h…) on se rend compte qu’on a posé la tente juste à côté d’un camp d’entrainement d’aviron. On prendra donc tranquillement le petit déjeuner en admirant les athlètes s’entrainer. On sent bien la discipline Russe dans les cris de l’entraineur qui nous fait vraiment marrer à défaut de nous permettre de profiter une dernière fois de la quiétude du lac.



On avait prévu d’arriver à Karakol le soir même mais c’était sans compter sur la pause déjeuner de 4h sur une plage de sable fin…Du coup on campe une dernière fois dans un champ avec une superbe vue sur les montagnes. Le lendemain il nous reste plus qu’une bonne trentaine de kilomètres jusqu’à Karakol : easy ! Enfin, c’était sans compter sur la pluie diluvienne qui s’abattra sur nous. En plus, un peu boulet, on s’était dit « mais non, c’est que quelques gouttes, la gore-tex suffit », tu parles…On arrive à Karakol complètement détrempés ! Heureusement une bonne douche chaude nous remet en forme et on profite de l’après-midi pour préparer la suite du séjour : repérage des randonnées dans les Tians Shans (Les Monts Célestes, la chaine de montagne qui borde Karakol et attire de nombreux touristes) location de sac à dos, achat de nouvelles chaussures pour remplacer celles de Cécile qui commencent à être vraiment en loque…et finalement on décide de rester posés le lendemain pour mettre à jour le blog et trier les photos. Et c’est pour le mieux car le lendemain il pleuvra un mélange de pluie/grêle toute la journée ! Les quelques randonneurs qui avaient prévu de partir déciderons d’annuler ou feront demi-tour dans la journée. En retournant chercher nos sacs à dos, on rencontre Elsa et Jérôme, deux français qui partent également faire la randonnée vers le lac Ala-kul (A la cooooool !). On discute rapidement et puis on décide de partager un taxi le lendemain pour nous emmener jusqu’au début de la rando.



Le lendemain, c’est aussi dimanche, et ça veut dire jour de marché aux animaux à Karakol. Du coup pour une fois on se lève vraiment à l’aube pour pouvoir voir le spectacle avant la rando. Chevaux, vaches, ânes, chèvres ou moutons on se laisse presque tenter mais on se dit que c’est quand même un peu foireux comme animal de compagnie en voyage à vélo. Quoi qu’il en soit c’est vraiment marrant de profiter de l’ambiance de ce marché ou tout s’entremêle sans aucune règle semble-t-il : acheteurs acharnés qui « checkent » les dents de toutes les bêtes qu’ils croisent, des hommes plutôt là pour faire des mondanités que pour faire des affaires et qui picolent, discutent et fument tranquillou ou encore quelques familles qui ont l’air de tout simplement faire leur séance shopping : « Oh tient elle est jolie la chèvre ! ok on la prend ! Tu peux la tenir chérie pendant que je lui ligote les jambes ? Allez met la dans le coffre et on rentre à la maison. Vous venez les enfants ??! ». Malheureusement on ne pourra pas s’éterniser, la rando nous attend !



Début easy, on remonte tranquillement une vallée superbe. On sent qu’on est quand même bien en forme alors quand en plus on double des personnes (une première dans la vie de Cécile il faut le dire), Cécile ne se sent plus et se voit déjà devenir la futur Kilian Jornet féminine. Bon ses ambitions seront vite démenties par la suite ! Quoi qu’il en soit cette première journée de marche est relativement facile et on arrive assez tôt au premier bivouac en compagnie d’Elsa et Jérôme et de Julia et Michel un couple d’autrichiens qui s’est joint à nous pendant la pause déj. Notre petit groupe de 6 est assez homogène et on s’entend vraiment bien, on ne se quittera plus jusque-là fin de la rando ! Après une soirée noodles suivie d’une bonne nuit on démarre tous ensemble vers 8h pour le deuxième jour réputé être le plus difficile, même si on a tous eu des informations bien différentes de la part de l’office du tourisme de Karakol : 6h de marche sont annoncées pour certains, entre 8 et 12 pour d’autres…bref on verra bien ! On entame donc une longue montée, bien raide jusqu’au magnifique lac Ala-kul. L’endroit est superbe et on profite d’un bon rayon de soleil pour faire une longue pause thé près du lac.



On pensait alors avoir fait la plus grosse partie de la montée mais il reste encore 600 m à grimper jusqu’au col et le chemin devient vraiment de plus en plus raide pour finir carrément en ligne droite directe au milieu d’un pierrier. On finit par arriver au col bien essoufflés (on est à pres de 4000m d’altitude) et là : Ouaouuuuuh ! C’est vertigineux ! D’un côté on a une vue époustouflante sur le lac et les sommets qui l’entourent, de l’autre : un mur ! Une descente à pic de 400m de dénivelé avant de retrouver la vallée. On est plus au sommet d’une crête que sur un simple col en fait ! On observe des gens descendre tant bien que mal devant nous et ils ont l’air de sacrément galérer…bon aller, on oublie le vertige on y va ! Malgré le stress on se marre bien pendant la descente : à chacun sa technique ! Edouard et Jérôme descendent en courant et en se laissant glisser sur les cailloux un sac dans le dos, un sac à l’avant pour décharger leur sportive et valeureuse dulcinée tandis qu’Elsa et Cécile essaient tant bien que mal de garder leur équilibre ce qui n’est pas facile même sans le poids du sac. Au final Cécile trouvera la technique imparable : sur les fesses ! Bon à ce moment-là ça fait déjà longtemps que les rêves d’UTMB et autre diagonale du fou ont été remisés au placard !! Et pendant ce temps-là Michel et Julia descendent tranquillou en papotant comme si c’était une simple promenade du dimanche !



On est quand même tous bien content d’être arrivés en bas et de pouvoir à nouveau marcher « normalement » en discutant. Mais c’est forcément à ce moment-là, alors qu’on cherche un endroit où s’arrêter pour pique-niquer, qu’une averse de grêle se déclenche suivi d’un orage ! On sort anorak, poncho ou sac poubelle pour se protéger et on continue en se disant qu’on est sacrément content de ne pas être en haut de la crête pendant l’orage ! Après une petite demi-heure on aperçoit une petite tente sous laquelle on peut s’abriter, les kirghiz qui tiennent ce petit camp sont super sympas, on leur prend un petit thé et ils nous laissent cuisiner nos noodles en attendant que l’averse se calme. Une accalmie arrive enfin, on repart et après plusieurs heures à suivre un chemin plus ou moins balisé, traverser plusieurs rivières pieds nus ou en équilibre sur des troncs d’arbres, on arrive enfin à Altyn-Arashan et ses fameuses sources d’eau chaude qui nous ont fait rêver toute la journée.



Malheureusement, la nuit commence déjà à tomber et on est tous bien fatigués, on décide donc d’y aller seulement le lendemain. On debrief de la journée avec les autres randonneurs, certains ont eu moins de chance que nous et ont eu droit à l’orage pile au moment où ils étaient sur la crête. Ils ont attendu en boule que ça passe, non sans peur, ils ont carrément senti l’électricité environnante traverser leur corps et hérisser leurs cheveux ! En tout cas, beaucoup se sont plus ou moins perdus au cours de la journée et on est tous assez surpris de la difficulté de la rando. C’est THE rando à faire dans le coin et des dizaines de touristes la parcourent chaque jour. On s’attendait donc plus ou moins à une petite randonnée familiale et au final on est assez étonnés qu’il n’y ait pas plus d’histoires de touristes perdus dans la montagne ou de chevilles foulées !

Le lendemain c’est le rêve : après une nuit très froide et humide on se réveil sous le ciel bleu ! On fonce aussitôt vers les sources d’eau chaude où l’on se baigne dans une petite cabine avec un bassin aménagé et nos 4 compagnons de route. On passera une petite heure à alterner entre l’eau brûlante de la source et l’eau glacée de la rivière qui coule à côté, rien de tel pour rebooster nos corps encore bien fatigués de la journée de la veille. Vient ensuite la descente jusque Karakol bien plus facile que la veille mais on arrive tout de même bien lessivés ! On retrouvera notre petit groupe le soir même pour une grosse soirée pizza/bière !



Une petite journée de repos à Karakol pour reposer nos guiboles (Cécile peut à peine marcher à cause des courbatures !) et il temps pour Shotor et Shavleg de reprendre du service. Ils sont au moins aussi excités que nous à l’idée de reprendre la route vers Almaty ! On commence par 35km de route bien fréquentée puis on s’éloigne du lac et la circulation devient quasi nulle. Les spots de bivouac sont nombreux et le temps est au beau fixe, à croire qu’il y a un micro climat autour de Karakol ! L’asphalte devient ensuite de plus en plus pourri pour ne devenir qu’une piste à travers les superbes paysages verdoyants de la vallée de Karkara. Des camions de ruches jalonnent la route et nous nous arrêterons pour acheter un gros pot 1,2kg de miel crémeux comme on l’aime ! La frontière arrive vite et le passage se fait sans problème, on leur décerne même le record du passage de frontière : 10 minutes top chrono et nous voilà au Kazakhstan !! Devant nous une petite semaine de vélo jusqu'à Almaty où nous allons devoir rester quelques temps pour préparer la suite du voyage direction Russie puis Japon!



Et cette fois-ci les autres photos sont ICI!!