Enorme claque au Kirghizistan ! On savait qu’il y avait des yourtes et des chevaux, on savait qu’il y avait des montagnes, on savait que c’était beau mais on ne s’attendait certainement pas à être aussi émerveillé par ce pays ni à grimper autant ! La première partie de cette traversée du Kirghizistan entre Osh et Koshkor restera sûrement l’une des plus belles routes parcourues jusqu’ici !


Osh est vraiment l’occasion d’un bon repos ou plutôt, soyons honnête, de glander monumentalement ! La « Tes Guesthouse » où nous restons est vraiment sympa avec un grand jardin, un petit dej’ monstrueux et pleins de voyageurs au long court. Ça fait plaisir de sociabiliser un peu et de se reposer dans une ambiance amicale. On restera ainsi 5 jours à papoter, préparer la suite du voyage, faire la sieste et se nourrir de pizzas/bières pour Cécile et de purée/bananes pour Edouard (convalescence oblige mais il profitera quand même d’une pizza avant de reprendre la route !). La ville est aussi l’occasion de retrouver une abondance de fruits et légumes et de supermarchés dignes de ce nom après le désert tadjik.


Edouard débordant d'énergie à Osh!


Un peu frustrés d’avoir zappé la dernière partie du Pamir, on hésite à revenir en arrière…mais ça veut dire repartir pour 10H de 4x4, repayer le visa Tadjik et surtout on a peur que ça ravive des mauvais souvenirs et qu’on n’en profite pas convenablement. Et même si c’est incomparable de parcourir une route en voiture ou en vélo, on craint que sans la motivation de l’inconnu et de la découverte on perde la motivation et l’énergie indispensable pour franchir avec la joie au cœur les moments difficiles ! Bref, on décide finalement de ne pas repartir en arrière. Mais qui sait, il nous reste encore des routes à découvrir entre Dushanbé et Murghab où l’on s’est arrêté, alors pourquoi ne pas revenir dans quelques années et finir le temps d’un été cette route mythique ?!



On repartira donc après 5 jours, ultra reposés et l’estomac d’Edouard au top, vers Djalal-Abad et on aura un bel aperçu de la conduite des Kirghizes. La route est parfaitement asphaltée et les voitures vont très vite, nous doublant parfois de près mais en comparaison des récits qu’on a eu d’autres cyclos, on trouve ça bien moins pire que prévu. On sera néanmoins très content par la suite de retrouver des routes peu (voir pas du tout !) fréquentées et dans un tel état que dans les cols les quelques voitures croisées vont à peine plus vite que nous !! Pour le moment la route traverse la vallée de Ferghana, une vallée ultra fertile à cheval entre les frontières ouzbek et kirghizes. Encore une belle frontière tracée par les russes : alors que le plateau du Pamir au Tadjikistan est peuplé principalement de kirghizes, cette partie de la vallée de Fergana au Kirghizistan est-elle principalement peuplée d’ouzbeks !



Après un petit restaurant à Djalal-Abad, on prend la direction de l’arrière-pays et des montagnes. La route devient une piste pas trop mal selon les standards Tadjik. On retrouve une rivière, que l’on remonte (pour changer !), les montagnes se resserrent autour du nous, c’est vraiment beau ! Au troisième jour on entame une montée de plus de 1500m de dénivelé. En chemin on croise Elo et Dom (The Baikal Race) qui reviennent du Baikal qu’ils ont traversé en char à voile en plein hiver ! Ils sont très sympas et discuter avec eux nous permet de faire une bonne pause et repartir bien motivés pour les 10 km de montée qu’il nous reste à parcourir …En tout on pédalera 7h et 1615 mètres de dénivelé positif…sûrement l’une des plus dures journées depuis le début de l’aventure ! Ce sera d’ailleurs l’occasion de ressortir notre tandem maison, qu’on avait mis au placard depuis l’Arménie ! En arrivant au col, on est heureux mais bien fatigués et le vent froid nous fait vite décider de descendre pour trouver un bivouac…Et là, on est subjugué par la vue qui s’offre à nous, le paysage est à couper le souffle. On voit des montagnes vertes à perte de vue, les unes sur les autres dans un ensemble époustouflant peuplé çà et là d’une ou deux yourtes et de dizaines de chevaux.


La vue splendide de l'autre côté du col. On tombe sur cet ado kirgize, passant ses coups de fils tranquillou sur son cheval face à la vue!


Après cette journée, on décide d’anticiper le dénivelé et de faire des journées plutôt trop courtes que trop longues, on a envie de profiter à 100% des paysages sublimes qui s’annoncent et on adore pouvoir s’arrêter tôt et profiter pendant quelques heures de nos bivouacs avant la tombée de la nuit. On est en plein milieu du Kirghizistan et seules quelques pistes permettent l’accès à cette région ce qui limite fortement le trafic pour notre plus grand bonheur. Les paysages traversés même s’ils se résument globalement à des montagnes sont extrêmement variés et chaque passage de cols (et il y en a beaucoup !) nous enchante. On ne se lasse pas de croiser les familles kirghizes installées là pour l’été avec leurs troupeaux immenses qui errent en quasi liberté, d’admirer les immenses chevaux galoper autour de nous, d’observer les aigles qui nous survolent, de se retrouver chaque soir seul au monde au milieu d’une nature magique. Bref, malgré les routes bien exigeantes pour nos gambettes, on est en pleine forme et le moral est au beau fixe !



On prend un peu de repos dans une guesthouse à Kazerman, une petite bourgade plutôt animée (en considérant la situation reculée de la ville !) où on en profite pour varier notre alimentation dans la petite cantine locale, ça fait du bien ! Puis c’est parti pour un nouveau col ! On installe notre campement à mi-chemin de la montée où on profite d’une nouvelle belle soirée dans la nature. Le lendemain, au petit matin on aura le droit à une belle surprise ! Tandis que l’on boit tranquillement notre thé, on entend du bruit, on se retourne et on voit arriver trois cyclistes ! Bernard, Shauna et Shauna qui faisaient partie du gros groupe de 7 cyclistes rencontrés au Tadjikistan ! Bien plus sportifs que nous et assez pressés par des rendez-vous avec la famille ou un visa chinois ils ont parcouru en 4 jours la même distance que nous en 8 jours !! Malheureusement on n’est pas du tout prêt, du coup on ne peut pas repartir avec eux pour partager un bout de route mais c’était vraiment sympa de les recroiser même rapidement !


Youuuuuhouuuuh on est au col!


Après une incroyable descente interminable et magnifique dans laquelle on se dit « heureusement que l’on ne fait pas le chemin dans l’autre sens ! » puis une quarantaine de kilomètres de plat au sein d’une vallée ultra large, complètement improbable à côté des autres paysages traversés, nous arrivons en bas d’une nouvelle montée bien redoutée : la montée jusqu’au lac Song-kul. Nous savons que 1400m de dénivelé d’un seul coup nous attendent et si, la distance, n’est pas si grande, nos résolutions de calmer le rythme nous décident à la grimper en deux jours. Après une nuit dans une petite yourte au bord de la route, on attaque la montée, ça commence tout doucement mais la tôle ondulée nous secoue pas mal sur les vélos. On croise deux cyclistes canadiennes dans la montée, c’est devenu un peu la routine tant il y a de cyclistes sur les routes du Kirghizistan ! C’est toujours un plaisir de s’arrêter et d’échanger quelques mots, la plupart du temps des infos sur la route et le ravitaillement ! Elles nous disent de faire gaffe car elles se sont fait piquer de l’argent, de la nourriture et des objets au lac Song-kul par une famille kirghize qui les avait invités à boire le thé puis à dormir… Cette histoire nous attriste un peu et nous pousse à nous remettre en cause tant on a tendance à faire confiance aux gens. En même temps on a eu que des bonnes expériences depuis le début, c’est dur de se méfier ! Quoi qu’il en soit, on part donc avec une petite graine de méfiance plantée au fond du cœur vers le lac.


Contents d'être en descente pour celle-là!!


Puis on arrive vite en bas des lacets de la grosse montée, il est temps de trouver un endroit pour bivouaquer même si l’après-midi est à peine entamée ! Les espaces plats et agréables sont peu nombreux et nous demandons à une famille kirghize en train de pique-niquer au bord de la rivière s’ils connaissent un bon spot pas loin. Pendant la discussion, une grosse pluie se déclare et nous filons nous abriter sous les quelques arbres autour de leur spot pique-nique. L’hospitalité Kirghize ne se fait pas attendre et la mère de famille nous sert une grosse assiette de plov et de salade pendant que le père est affairé à faire rôtir des dizaines de Shashlik (brochettes de viandes), c’est pas la pluie qui va l’arrêter ! Les enfants se sont eux réfugiés dans le gros camion pour s’abriter et ne ressortent que pour se resservir. On a aussi le droit au fameux breuvage kirghize tant redouté : le Kumis. On nous sert le breuvage blanc depuis un énorme bidon jaune dans deux petits bols où on le voit légèrement pétiller. Il s’agit en fait de lait de jument fermenté, très populaire ici mais bien redouté des touristes ! On en boit chacun une lampée avec appréhension mais en réalité, si ce n’est pas succulent, c’est bien moins mauvais que ce que nous imaginions et on parvient à finir le bol, ouf ! Après avoir cuisiné une bonne soixantaine de Shashlyk (sans exagérer !), la famille remonte au lac et nous sommes seuls dans cet endroit de bivouac parfait. La pluie s’est un peu calmée et on passe une très bonne nuit, bien heureux de cette belle rencontre qui a nous a permis d'oublier la mésaventure des canadiennes et rebooster notre confiance!


Shashlyk Party !!! Et rien ne les arrête, même la pluie !


Le lendemain, on monte au lac, c’est dur mais notre stratégie a marché, on arrive au col pas trop épuisé en milieu de matinée et on est heureux de pouvoir bien en profiter malgré le froid et la pluie qui règnent ici à plus de 3000m d’altitude. Si le lac est absolument splendide, nous sommes surtout subjugués par les étendues vertes qui nous entourent ! Des énormes plaines d’herbes ou paissent tranquillement des centaines de chevaux.


Bon celle-là on a du la montée! Et on avoue qu'on était plutôt content à l'arrivée!


Arrivés au bord du lac, on se met en quête d’une yourte où déjeuner au chaud et là on aperçoit une petite tente au bord du lac, on se rapproche et on voit deux vélos au sol puis deux silhouettes qu’on reconnait ! C’est les Shaunas qui nous avaient doublé deux jours plus tôt sur les pistes kirghizes. Un vrai plaisir de les retrouver, on dej’ ensemble puis elles reprennent la route et on profite de la merveilleuse ambiance du lac le reste de l’après-midi : petite ballade, discussion avec les autres voyageurs, partie de volley, admiration des enfants qui passent au triple galop sur des chevaux faisant trois fois leur taille… Edouard en profite également pour changer ses patins de freins et il s’aperçoit qu’il a 4 rayons de cassés sur la roue arrière…la poisse ! En plus, les rayons de remplacement prévus sont trop court…Ouuuups, les boulets…! Espérons que ça tienne jusque Almaty, dans 600 km…Mais normalement la route qui nous attend est moins dure et on ne devrait pas tarder à retrouver l’asphalte, ouf !


Et dire qu'à son âge nous on avait peur des poneys...


Lorsqu’on se réveille le lendemain, il pleut…On a la flemme de sortir de la tente donc on glande, on lit, on attend que ça passe puis on décide de tout ranger pour aller prendre le petit dej’ dans le petit village de yourtes à côté. On pensait qu’il était 9h mais on réalise qu’il est quasiment 12h ! Le portable sur lequel on avait regardé l’heure était complètement déréglé… On comprend pourquoi il n’y avait plus aucuns touristes dans le village de yourtes, et nous qui pensions être ultra matinal pendant que tout le monde faisait la grasse mat’ !

Malgré le petit crachin qui tombe encore, on décide de prendre la route qui fait le tour du lac et nous mènera au col de « sortie » de cet endroit magnifique. Alors qu’on hésite entre attaquer le col le jour même où se poser tranquillement et essayer de faire sécher la tente avant la tombée de la nuit, on repère un immense nuage noir qui arrive droit sur nous. On décide donc de s’arrêter là et on a à peine le temps de monter la tente qu’une pluie diluvienne s’abat sur nous. Ouf juste à temps ! On passera une petite heure sous la tente d’abord à tenir les piquets pour aider la tente à résister aux assauts du vent puis à jouer aux dés en attendant que la pluie se calme. Heureusement ça passe finalement assez vite et on aura même le droit à quelques rayons de soleil qui sécheront la tente avant la nuit et à un magnifique coucher de soleil sur le lac !



La journée du lendemain signe la fin de la piste et le début de l’asphalte, même si on a trouvé la piste globalement plus roulable qu’au Tadjikistan on est surexcités à l’idée de rouler sur du goudron sans être secoué dans tous les sens ! Mais d’abord, il faut monter 300m de dénivelé pour sortir de cette cuvette que forme le lac Song-Kul ! On se fait rattraper par un VTTiste sur un engin magnifique dans la montée, c’est Christophe, un français qui voyage avec un groupe de cyclos venu sillonner les pistes kirghizes à VTT. Bien sûr, ils n’ont pas toutes leurs bagages avec eux et un gros camion russe les suit avec les tentes, le mécano et la cuisinière ! On se suivra tranquillement dans la descente vers l’asphalte, ils sont bien plus rapides que nous mais nous on n’a pas l’inertie de groupe ! Ils nous invitent à nous joindre à eux pour le déjeuner préparé par leur super cuisinière russe Irina. Apprenant la perte de poids d’Edouard et nous voyant nous resservir plusieurs fois de sa merveilleuse confiture d’abricots, Irina ne nous laissera pas repartir sans un énorme pot de confiture d’abricot maison, deux pains et quelques gâteaux avant de nous quitter. Au passage, le mécano russe jette un coup d’œil au vélo d’Edouard et est très inquiet pour sa roue, il ne nous donne pas longtemps avant qu’elle flanche…On en est à 5 rayons cassés ! On essaie de regarder avec Christophe et quelques autres VTTistes et on finit par décider de monter les rayons trop courts en changeant légèrement le rayonnage de la roue. On peut ainsi monter 3 rayons ce qui devrait renforcer un petit peu la roue !

On continue un petit peu à suivre les cyclos mais ils nous sèment vite étant donné notre surpoids non-négligeable ! L’arrivée sur l’asphalte est jouissive ! En plus ça descend ! Un vrai plaisir, le paysage n’est pas mal non plus et on arrivera vite au premier village de Sary-Bulak ou on saluera une dernière fois nos amis cyclos avant de continuer vers Kochkor. On a décidé de continuer sur l’asphalte tandis qu’ils continuent sur les petites pistes à travers l’arrière-pays !


Petite pause au col en compagnie des 12 vttistes!


A Kochkor on retrouve une ambiance de grande ville et on en profite pour remplir les sacoches de victuailles. On avait prévu de simplement s’arrêter pour déjeuner mais on finira par dormir dans une petite Guest house après avoir passé l’après-midi à boire des bières avec Noé et Camille, un couple de français rencontrés dans le café où l’on s’était posé pour déjeuner. Pour la suite on a prévu de longer le lac Issy-Kul, un immense lac au nord Est du Kirghizistan véritable station balnéaire de l’Asie Centrale. On n’a pas eu de super bons retours sur les routes très fréquentées mais après une bonne dizaine de jours bien sportifs dans les montagnes, on a hâte de se la couler douce au bord du lac et de se baigner !


"On en reprend une ?" "Nan attend on devrait peut-être y aller là on sera jamais au lac ce soir...Bon...juste une alors !" Tu parles...


Et le reste des photos c'est PAR LA !