Enfin, la Géorgie! L'occasion de retrouvailles attendues pour Cécile et d'une découverte pleine d'attentes pour Edouard. Paysages magnifiques, katchapouris, accueil chaleureux et autres splendeurs géorgiennes nous enchantent!


Nous sommes s surexcités d’être en Géorgie et les premiers kilomètres dans la ville à la recherche d’une auberge de jeunesse nous promettent de beaux jours devant nous : les géorgiens ne cessent de nous saluer et n’hésitent pas à nous accompagner pour nous mener à bon port. Et surtout, les devantures sont pleines de katchapouri (espèce de galette fourrée de fromage qui nous ont déjà régaler plus d’une fois dans un super restaurant géorgien de Paris) ! A peine nos affaires posées dans l’auberge de jeunesse, on se rue dans le premier restaurant et en commandons un. Bon pas très doués, on se retrouve dans un restaurant Turc mais ouf !, ils ont tout de même de délicieux Katchapouri !



Nous partons ensuite pour une petite balade à vélo dans la ville et le long du bord de mer nous permettant de constater qu’hors saison la ville est vraiment agréable et beaucoup moins bling bling et pleines de russes venant faire la fête que dans les souvenirs de Cécile. C’est sûr qu’après la Sunny Beach bulgare, difficile de trouver d’autres villes plus bling bling ! Au retour, on s’arrête dans un office du tourisme pour se renseigner sur la suite de la route. Malheureusement la route que nous souhaitions prendre passe par un col à plus de 2000m d’altitude et est fermée jusque fin avril à cause de la neige ! L’autre solution pour rejoindre Tbilissi passe par une grosse nationale, beaucoup moins jolie, beaucoup plus longue et extrêmement fréquentée. On n’a vraiment aucune envie de prendre cette route et étant tombé sur un blog de français qui ont réussi à passer le col en poussant les vélos début mars l’année dernière on décide de tenter quand même quitte à faire demi tour !


Départ le lendemain en fin de matinée à cause de la pluie (on a déjà bien eu notre dose !). La route est superbe, on passe d’abord à travers les collines luxuriantes qui surplombent Batumi avant d’atteindre la rivière que l’on doit remonter sur une centaine de kilomètres très vite bordée de paysages beaucoup plus montagneux.


En route vers le col de Goderzi !


Vers 17h on décide de trouver un endroit ou bivouaquer et demandons à Enrico, jeune géorgien de 16 ans si nous pouvons planter notre tente dans son jardin. Sa famille accepte tout de suite et alors que nous commençons à déballer nos affaires, Maria, la grand-mère arrive en courant et nous comprenons qu’elle engueule sa fille de nous laisser camper dans son jardin alors qu’il fait si froid. Aussitôt on nous installe dans le salon et on nous apporte café et chocolats ! Accueil incroyable, on se sent presque gêné de tant d’hospitalité et surtout immensément frustré de ne parler ni russe ni géorgien. On arrive tout de même à communiquer tant bien que mal et Edouard entame même une partie d’échecs avec le père d’Enrico (on ne dira pas qui a battu à plate couture qui… !). Après un dîner absolument délicieux cuisiné par Maria qui refuse catégoriquement notre aide on nous installe dans une chambre où nous passons une excellente nuit.


Tentative d'intimidation aux échecs: faire croire à l'adversaire que l'on est en train de calculer à + 10 coups


Départ le lendemain assez tôt, une grosse journée avec pas mal de dénivelé jusqu’à Khulo nous attend. Cependant après à peine 20 km une voiture de police s’arrête à notre hauteur et nous oblige à mettre les vélos dans la voiture. Bim près de 500m de dénivelé avalé en moins d’une demi-heure ! On est un peu honteux mais quand même bien content de se préserver pour les 1300m de dénivelé restant ! Malheureusement, mauvaise nouvelle à Khulo, l’office de tourisme local nous confirme photos à l’appui que le col est fermé, recouvert de plus de 5 m de neige. La mort dans l'âme, nous comprenons qu'il est temps de renoncer mais décidons quand même de monter jusqu’au village de Goderzi en marchutka (les petits bus locaux) et d’y passer la nuit avant de redescendre toute la route à vélo afin de profiter jusqu’au bout des superbes paysages de montagne qui nous entourent.


Chargement des vélos sur la marchoutka pour monter au col de Goderzi.


Très vite, les bords de route sont couverts de neige et effectivement après 2h de marchoutka on arrive à Goderzi qui est en fait une station de ski couverte de neige ! Mais en arrivant, les gens ne semblent pas surpris de nous voir avec nos vélos et ont l’air de dire qu’en poussant ça passe. On croit comprendre également qu’il y a un chemin damé jusqu’au col ! Encouragés par l’expérience des français qui l’ont fait l’année dernière nous décidons de tenter l’aventure le lendemain. On n’est plus à ça près, au pire on fera demi-tour ! A 10h le lendemain, on embarque les vélos dans les œufs de la station aidés par des pisteurs qui eux non plus n’ont pas l’air de nous prendre pour des fous. Pleins d’espoir, on est maintenant sûr d’y arriver sans encombre !

Hélas, après une heure d’effort à essayer de trouver un chemin nous nous rendons à l’évidence : c’est impossible ! Nous sommes déjà épuisés : pas de chemin damé comme espéré mais une neige bien fraîche dans laquelle on s’enfonce. Les 3km et les 100m de dénivelés qu’il nous reste à parcourir pour atteindre le col sont infranchissables. Terriblement déçus nous nous apprêtons à reprendre les œufs en sens inverse quand les pisteurs arrivent. On leur explique que c’est trop dur pour nous et que nous retournons à Batumi. Ils appellent alors le chef de la station qui parle très bien anglais pour voir s’il n’y a pas une solution. Il arrive aussitôt et nous propose de louer un tracteur/dameuse qui assure le transport de personnes en cas d’urgence. C’est malheureusement beaucoup trop cher pour nous et refusons. A peine 2min plus tard, le chef nous dit que la dameuse vient quand même nous chercher pour nous emmener le plus loin possible mais que nous devrons tout de même à pousser les vélos sur 3-4km de route enneigée de l’autre côté du col. Ça devrait cependant être plus facile, c’est en descente !

Nous ne croyons pas à notre chance et sommes éperdus de reconnaissance et tellement heureux de ne pas avoir à faire demi-tour !! Après une demi-heure passée à discuter et rire avec le chef de la station, la fameuse dameuse arrive et nous embarque. Un skieur en profite même pour se faire emmener et profiter d’un hors-piste magique.


Notre sauveuse!


Nous aurons finalement réussi à le franchir ce satané col ! Mais tellement plus facilement que prévu : tout le dénivelé tant redouté avalé en voiture, bus, œufs ou dameuse. Bref, en tout sauf en vélo ! On culpabilise un peu mais nous sommes surtout profondément heureux, gavés de belles rencontres et de superbes paysages. Toute l’aide et l’accueil que nous rencontrons depuis le début du voyage nous redonne une véritable confiance en l’humanité. Ça nous confirme aussi ce choix de voyager à vélo. Même si ce n’est pas toujours facile et nous oblige à faire des « compromis touristiques », être à vélo nous permet de rencontrer bien plus facilement des gens et découvrir les pays traversés en profondeur. Bref, c’est chouette !

Après ce petit passage en dameuse, on pousse tout de même une petite heure les vélos sur la route enneigée (et même en descente c’est pas facile !) avant de retrouver avec bonheur ce cher asphalte ! On roule quelques kilomètres dans la forêt avant de retrouver des paysages encore complètement différents : des petits villages surplombants des collines très sèches battues par les vents et bordées de montagnes enneigées. Toujours différent, toujours magnifique ! Arrivée vers Akhalsikhe après 45 km de vélos on s’offre une bière bien méritée pour arroser cette belle journée.


De l'autre côté du col!


Le lendemain, visite vaseuse de la forteresse d’Akhalsikhe : on était trop radin pour payer l’audio guide, il fait chaud et quand on ne fait que se déplacer à vélo, marcher et monter des marches c’est fatiguant ! La forteresse est néanmoins assez bien restaurée et offre de superbes perspectives sur la ville et les montagnes environnantes. Nous partons ensuite pour une cinquantaine de kilomètres direction Borjomi. La route est encore une fois splendide et nous offre des paysages à nouveau complètement différents. Cette fois-ci nous longeons la réserve naturelle de Borjomi, une sorte d’immense forêt recouvrant des montagnes abruptes. On décide de camper avant Borjomi et nous enfonçons un peu dans la forêt à la recherche d'un bon spot pour notre premier bivouac sauvage (ouais après presque 1 mois de voyage il était temps !). On trouve une belle étendue d’herbe bordée d’une rivière et entourée de forêts : parfait ! Par contre, on reste un peu peureux et nous nous interdisons de penser, d’évoquer, de parler des loups et des ours qui occupent le parc même si Edouard ne cesse de balayer la forêt avec sa lampe de poche pour voir si des yeux nous regardent ! Au final on passe une super nuit sans peur et sans problème après une belle veillée autour du feu. Allez, on a franchi le cap du bivouac sauvage, les prochains nous paraîtront bien plus facile ! On le fait régulièrement en France, avec le recul on ne sait pas trop pourquoi ça nous paraissait si différent à l’étranger.


Petit déj nature


Et c’est reparti pour une après-midi de vélo après une petite randonnée de 6km dans le parc de Borjomi pour aller se baigner dans des sources d’eau chaude. Nous continuons de longer le parc avant de rejoindre l’immense plaine qui traverse toute la Géorgie d’Est en Ouest, bordée au Sud des montagnes du « petit Caucase » et au Nord des hautes montagnes du « grand Caucase ».


Après une bonne nuit où nous avons pu poser nos matelas dans la maison en travaux de Nino, nous repartons direction Gori et les caves d’Uplistsikhe. Il fait gris, il fait froid, il bruine à moitié et nous nous rendons compte à quel point la météo influe notre humeur ! Nous trouvons en effet que les paysages traversés sont moches et que les villages ont l’air triste. Mais un bon craquage restaurant dans la (pas très belle) ville industrielle de Gori (mais qui a l’immense gloire d’être le lieu de naissance de Staline) nous remet d’aplomb et nous découvrons avec joie l'ancienne ville troglodyte d’Uplistsikhe. Plus modeste que Vardzia, Uplistsikhe n’en reste pas moins un superbe site qui vaut le détour. Construite à même la montagne plusieurs centaines d'années avant JC , la ville surplombe la rivière Mtkvari et les champs environnants.


Uplistsihke.


Nous décidons de bivouaquer sur place dans le petit parc qui borde le site mais Kova le gérant de la buvette du parc nous propose de poser nos matelas dans la buvette. Parfait, encore une fois on va pouvoir échapper au vent froid ! Nous passons un super début de soirée avec une bande d’étudiants de Tbilissi assez surexcités qui mettent la musique à fond et nous apprennent des danses traditionnelles géorgiennes. Nous tentons également de lancer des chants géorgiens ce qui rencontre un petit succès mais on s’aperçoit vite que l’on connait mieux les paroles qu’eux, l’expérience ne sera donc finalement pas très concluante mais vraiment drôle ! Après un très bon moment passé avec eux, ils doivent malheureusement repartir vers Tbilissi et là, la soirée deviendra franchement glauquie. On se fait embarqué par Kova qui nous emmène dans une petite salle enfumée ou 6 de ses copains sont déjà passablement ivres mort (il est à peine 20h !). Et nous allons ainsi passer les 2 prochaines heures à répéter que l’on ne veut pas de shot de vodka, que l’on veut encore moins un shot de vodka dans une pinte de bière et la boire cul sec (ce qu’ils font !), qu’on ne veut pas d’un 1er, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème verre de vin, que l’on est fatigué et que l’on voudrait dormir. Finalement à 22h nous réussissons à nous échapper mais ne pouvons dormir avant minuit, les gais lurons mettant la musique à fond et n’hésitant pas à nous appeler régulièrement pour aller boire un verre. Bon, on voyait bien que ce n’était pas des mauvais bougres et on avait déjà eu l’occasion de constater qu’en Géorgie le rapport à l’alcool n’ai pas le même qu’en France mais la soirée ne s’en avère pas moins pas très drôle, ce qui est bien dommage, ça avait si bien commencé!


Le lendemain, nous nous dirigeons vers Mtskheta l’ancienne capitale de la Géorgie dernière étape avant Tbilissi. Nous pensions que la journée serait facile mais c’était sans compter sur un vent de face incroyable qui nous fera bien galérer. Nous dépassons difficilement les 12km/h en descente et roulons à 5km/h sur du plat soit l’équivalent d’une bonne montée. Heureusement nous roulons sous un ciel bleu magnifique et sur un superbe plateau très sauvage. Tant bien que mal nous finissons par atteindre Mtskheta (qui ressemble plus à un village qu’à une ancienne capitale) après une longue descente qui nous fait hurler de joie. Puis fin de journée parfaite où nous nous récompensons des efforts de la journée par un traditionnel combo Bière-Katchapouri et avons la joie d’entendre un chœur de filles géorgiennes chanter des chants traditionnels. Le lendemain, après une petite visite des multiples monastères et églises qui constituent les attractivités de la ville, nous nous dirigeons vers Tbilissi. 20 km d’autoroute pas très drôles mais qui filent vite, nous avons tellement hâte d’arriver !


Vue sur la ville de Mtskheta.


Ça y est pile 1 mois après le départ on est à Tbilissi ! Retrouvailles pour Cécile avec une ville qui avait été un véritable coup de foudre, temps libre pour se balader, flâner et glander, réparation des vélos, attente des visas pour l’Iran, recherche de géorgiens pour assister à un véritable Supra et enfin chanter, chanter, chanter ! Bref, nos attentes sont nombreuses et nous allons surement passer quelques jours dans le coin !


Com' d'hab, d'autres photos ICI !


Petites anecdotes:

  • On a des stats de fréquentation sur le blog et clairement, il y a des gros pics le lundi matin: difficile de retourner au boulot?!
  • On a dépassé les 1000km !
  • On n'a (presque) plus peur des chiens
  • On a rencontré notre premier cyclo touriste: il voyage depuis déjà 2 ans, il dort tous les soirs à la belle étoile sauf quand il fait vraiment trop froid (quand nous on vous parle de vent glacé, lui il considère que ça passe!), son équipement est bien moins technique que le notre...Bref, on reste des poules de luxe!
  • En un mois on a perdu qu'un seul gant !
  • Nos vélos commencent à avoir des petits bobos: plus de béquille pour Cécile, une accroche de sacoche cassée pour Edouard, heureusement 5 minutes avant d'arriver à Tbilissi! 
  • Pour l'instant on sait dire "santé!" en Bulgare, Russe et Géorgien
  • Vous nous manquez et tous vos commentaires et nouvelles nous font très plaisir!