Nous voilà en Ouzbékistan ! Carrefour inévitable de la route de la soie, cette ancienne république soviétique regorge de trésors historiques et d’Ouzbeks sympathiques. Une superbe étape sur notre parcours !


L’entrée dans le pays est marquée par un véritable contraste avec le Turkménistan : d’un côté les jeunes douaniers turkmènes sont très sérieux, avec leurs chapeaux de cowboy et leur uniforme vert. De l’autre côté, on tombe sur des douaniers ouzbeks en train de pêcher torse-nu et le militaire qui vérifie nos passeports arbore un T-shirt de football. On avait beaucoup entendu des passages de douanes difficiles en Ouzbékistan et des policiers véreux du coup on est franchement agréablement surpris ! Bon on devra tout de même passer une bonne heure à la douane ouzbek entre l’attente du douanier sensé tamponner nos passeports et qui a pris bien le temps de prendre son thé, la déclaration de tous les objets précieux ou électroniques que l’on transporte et la fouille des bagages. Une bonne fouille des bagages qui a consisté à simplement nous demander ce qu’on avait dans chaque sacoche et vérifier notre trousse à pharmacie à la recherche de codéine. Le douanier ne comprenant pas vraiment le nom des molécules en français, un « niet codéine » a finalement suffit à valider l’intégralité de nos médicaments. Gros contraste entre les infrastructures également. On passe d’une route turkmène parfaitement entretenue, d’un poste de douane neuf et climatisé à une route alliant goudron fondu et nid de poules et un poste de douane entouré de bâtiments en ruine ou qui en ont tout l’air. Bref, changement d’ambiance !


On a encore du chemin! Et encore c'est si on prend les chemins les plus rapides!


Et c’est reparti sur la route ! On est bien excité et on a hâte d’atteindre Boukhara ville mythique de la route de la soie qui nous attend à quelques coups de pédales ! On fait une première pause au bout de 3 minutes pour échanger nos manat Turkmenes. Manats qui ne valent absolument rien et qu’on ne peut que changer au black aux postes frontières à des taux très mauvais. Premier contact avec des ouzbeks franchement sympathiques et rigolards mais bien roublards ! On devra recompter 3 fois notre monnaie avant qu’ils nous donnent enfin le bon compte. Il faut savoir qu’en Ouzbékistan tout le monde se promène avec des liasses de billets. Le billet le plus répandu est un billet de 1000 som ce qui équivaut à environ 20cts au marché noir (et oui en Ouzbékistan, le taux de change au marché noir est 2 fois plus intéressant que le taux de change officiel). Heureusement depuis quelques années ils ont créés des billets de 5000 et 10000 som ce qui permet de réduire un peu la taille des liasses.


Bref, on finit par repartir sur une route franchement défoncée et sous une chaleur étouffante. On est à la limite du désert qui sépare Boukara de Khiva (autre ville mythique de la route de la soie que l’on n’aura malheureusement pas l’occasion de voir car située à 500km plus loin dans le désert). On attendra Boukhara le lendemain en fin d’après-midi, pile à l’heure de la bière ! Et oui, il faut bien que l’on reprenne les bonnes habitudes !

La sublime, la magnifique, la fascinante vieille ville de Boukhara


On passera trois jours à Boukhara à se reposer et se balader dans la sublime vieille ville, très bien restaurée où à chaque coin de rues on tombe sur des sublimes madrassas (écoles coraniques). On retrouve l’abondance de mosaïques bleues mais dans un style finalement bien différent de l’Iran. Et c’est d’une telle beauté qu’on ne s’en lasse franchement pas. On est surpris par le nombre de magasin de touristes (un bien grand changement depuis la dernière visite de Cécile en 2013 !) où tous les vendeurs parlent français ! Et oui, il semble que les français fassent partis des « number 1 » en Ouzbékistan. On retrouvera également pas mal d’étrangers à Boukhara, voyageurs au long cours ou simple touristes. On rencontrera notamment Sueli, une cycliste Belge qui voyage seule et avale plus de 100km par jour, franchement impressionnante ! On recroisera aussi le couple de hollandais rencontrés à Turkmenabat et on rencontrera Sophie, une Belge en « vacances » qui vient « simplement » passer deux semaines en Ouzbékistan. Et oui, elle a déjà fait son long voyage d’une quinzaine de mois il y a quelques années et à son tour de redevenir une simple vacancière ! Bref, on apprécie également beaucoup ces quelques soirées entre occidentaux sur les terrasses de Boukhara à échanger sur nos impressions et expériences.

Les ouzbeks se déplacent énormément à vélo et on a régulièrement des compagnons de route pour quelques kilomètres !


Après un petit coup de karcher sur les vélos (il faut dire que Sueli et son vélo nickel nous avait un peu fait complexer), on prend la route de Samarcande. L’objectif est de couvrir les 250km en 4 jours ! On a hâte de reprendre le vélo et découvrir un peu le pays en dehors des grandes villes touristiques. Les paysages sont assez monotones mais permettent de bien se rendre compte du passage massif de l’Ouzbekistan à la culture du coton pendant l’ère Soviétique. Il y a des champs de coton à perte de vue ! La première nuit, on décide d’ailleurs de camper près de l’un de ces champs et on réalise que la chaleur ici va bien compliquer nos nuits en tente ! Le gros dilemme : on ouvre pour faire rentrer de l’air ou on ferme pour éviter d’avoir des moustiques plein la tente. Au final on passera une nuit franchement mauvaise avec de l’air mais entourés de moustiques. NB pour plus tard : la tente étant équipée de moustiquaires, ouvrir simplement le double toit aurait été largement suffisant ! (Oui bon, en pleine insomnie à 2h du mat il est parfois difficile d’être cohérent !)


Ces trois jours à vélos seront également l’occasion de découvrir la véritable hospitalité ouzbek. Bien sûr on a toujours droit aux coups de klaxons, aux « hellos », aux signes de la main ou pauses selfies, mais toujours accompagné d’un immense sourire. Et puis, oh meilleur des cadeaux pour un cycliste en plein cagnard, des habitants nous offrirons même une douche. En effet, alors que l’on dégoulinait de sueur bien que l’on se soit abrité sous l’auvent d’une maison pour préparer notre déjeuner, ils nous ont gentiment ouvert leur salon de coiffure afin que l’on puisse se doucher et s’abriter un peu mieux de la chaleur. On en profite pour caler un petit conseil : si jamais vous croisez des cyclistes sur votre route n’hésitez pas 1 : à lui proposer une douche, 2 à lui offrir de la nourriture hautement calorique ou une boisson glacée, 3 : à le saluer mais en douceur, à la limite avec un léger coup de klaxon mais surtout éviter le coup de klaxon continue pendant que vous passez à sa hauteur !


Enoooorme plov dans la cour d'une école ouzbek. Merci les professeurs!


Bref, on fait de chouettes rencontres notamment au sein des nombreux restaurants qui bordent la route. La plupart du temps tenu par la famille entière et intégré dans leur maison, les restaurants de routiers ouzbeks comportent TOUS une salle dédiée pour la sieste (il fait tellement chaud que la sieste est une institution nationale entre 13h et 15h minimum). On profitera donc plusieurs fois de ces salles de siestes pour s’abriter aux heures les plus chaudes ou pour y passer la nuit, ce qui nous permet également de passer de supers moments avec les familles du restaurant ou les clients. Ce sera l’occasion aussi de constater qu’on est bien dans un pays de l’ex-URSS : ici on n’hésite pas à commander une bouteille de vodka pour accompagner le repas !


Globalement le trajet se passe bien, la route est totalement plate et si le vent et les nombreux tronçons de route bien défoncés ont un peu joué avec nos nerfs, on arrive facilement à Samarcande en 3 jours et demi. On découvre rapidement le Régistan, absolument bluffant qui fait honneur à sa réputation. C’est à couper le souffle ! Mais on ne s’attarde pas et on file se poser dans une auberge. On profitera plus tard de la capitale du grand Tamerlan ! Amir Timur, comme les ouzbeks l’appellent a rempli cette ville de somptueux monuments, d’abord le Registan mais aussi la Grande mosquée Bibi-Khanym (du nom de la femme de Tamerlan). La légende dit d’ailleurs, que l’architecte qui a construit cette mosquée (à la demande de la femme de Tamerlan Bibi Khanym) n’a accepté de terminer cette mosquée qu’en échange d’un baiser de celle-ci. Tamerlan, furieux de cette trahison le fit exécuter et obligera par la suite les femmes de son empire à porter le voile pour éviter les tentations.


Registan by night.


En tout cas, si les russes ont eu un impact positif, c’est bien au niveau de la restauration des différents bâtiments historiques de Samarcande. Si une partie de la ville fait un peu «Walt Disney » (par exemple autour des principaux monuments un mur a été construit pour cacher les vieux quartiers ou encore, le bazar qui se tenait sur la place du Registan a été déplacé), cela reste, à l’image d’Ispahan en Iran, une ville secondaire sublime et très vivante. On aura également un véritable coup de foudre pour l’ensemble de mausolées Shah-i-Zinda. Chaque mausolée est unique et d’une finesse incroyable, on y passera deux bonnes heures à admirer chaque mosaïque et se laisser porter par la ferveur des touristes ouzbeks qui viennent se recueillir sur les tombes. Même les hordes de touristes japonais n’arrivent pas à troubler ce moment !


L'incroyable complexe de mausolées Shah-i-Zinda. Gros coup de cœur à Samarcande


On passera finalement 5 jours à Samarcande entre visites, rencontres ou retrouvailles avec différents voyageurs ou cyclo, mise à jour du blog (et oui on travaille, on travaille) et gestion de crise vélo ! En effet, après 3 mois de voyage on commence à rencontrer nos premiers problèmes techniques. Tout d’abord une des sacoches d’Edouard dont le système d’attaches s’est cassée et tient tant bien que mal avec une corde. Franchement déçu de la qualité de ces sacoches sensées durer une vie, on contacte la marque dont le service client ultra efficace et compréhensif accepte de nous envoyer une nouvelle sacoche à Dushanbe. Merci Vaude (la marque concernée pour ne pas la nommer !). Autre problème technique, la roue libre de Cécile (la partie qui permet de ne pas pédaler quand on est en descente) a commencé à faire des siennes en Iran. En gros, en plein milieu d’une descente les pédales se mettent à tourner toutes seules et il est impossible de simplement se laisser aller. Pour le moment ça va mieux (en même temps, pas vraiment d’occasion de tester sur les routes toutes plates d’Ouzbékistan) mais des échanges avec des cyclo qui s’y connaissent bien mieux que nous, nous ont convaincus de changer la pièce. En effet, celle du vélo de Cécile, une nouvelle roue libre Shimano installée juste avant de partir, est connue pour être moins résistante que les anciennes. Si pour l’instant elle ne s’est bloquée que quelques instants, à la longue ça risque de devenir franchement problématique et d’endommager le vélo. Malheureusement impossible de trouver une pièce de qualité en Ouzbekistan ou au Tadjikistan notre prochaine étape, on décide donc de s’en faire envoyer une depuis la France. Encore malheureusement, la pièce étant très spécifique, aucun magasin de vélo ne l’a en stock et on est obligé de la commander. On remercie grandement nos services techniques en France (papa/beau-papa et maman/belle-maman Leroy) qui ont géré la crise depuis la France et qui après avoir contacté de nombreux magasins de vélos ont fini par commander eux -même la pièce avant de nous l’envoyer à Dushanbé (capitale du Tadjikistan bande d’incultes !). Maintenant on croise les doigts pour que ça arrive en temps et en heure à Dushanbé, ce qui n’est pas forcément gagné vu les services de postes locaux…


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