Après deux jours de repos à Khorog, on décide de partir pour la vallée du Wakhan, ce corridor mythique qui a été dessiné pour séparer l’empire britannique de l’union soviétique à l’époque du Grand Jeu (google est votre ami pour plus d’informations historiques ! :-p). On nous avait prévenu : une route en piteux état mais des paysages sublimes. La réalité dépassera largement nos espérances : on en a vraiment mais alors vraiment ch** mais qu’est-ce que c’était beau !


Depuis Khorog pour rejoindre le plateau du Pamir on a de nouveau le choix entre deux routes :

  • Continuer sur la fameuse M41 à présent parfaitement asphaltée sauf au sommet des cols. La route est plus facile et permet d’accéder plus vite au grandiose paysage du plateau
  • Faire un détour par la vallée du Wakhan. La route est plus longue et plus difficile du fait du mauvais état de la piste, apparemment très sableuse. Mais les paysages sont réputés sublimes et plus variés avec notamment des vues sur les hautes montagnes de l’Hindou Kouch pakistanais.


Après de longues hésitations on se décide finalement pour la Wakhan ! Le nom nous faisait rêver depuis longtemps, on regretterait trop de ne pas y aller. Et puis ça ne doit pas être si terrible…On avait fait tout un foin de la route Nord entre Dushanbé et Khorog mais finalement ça passe toujours non ?! ahahah !


La dream team du Pamir Lodge avec qui on a passé quelques jours à Khorog : Ute et Conrad qui voyagent en tandem, Marc sur la route depuis 2 ans et Elvira qui nous laisse tous sur le carreau à bicyclette ! Il ne manque que Ruppert et Claire, plus courageux que nous qui sont déjà partis!


On repartira de Khorog les sacoches pleines ! On s’est bien fait plaisir, et on a trouvé pas mal de trucs dont on avait besoin et surtout des cookies excellents, c’est bon pour le moral ! On a pu aussi trouver des nouvelles tongs pour Edouard, un T-shirt pour Cécile, des élastiques pour les cheveux, des lunettes de soleil bref on a vraiment été pris d’une fièvre consumériste ici, au milieu des montagnes ! On repart donc chargés, mais en pleine forme ! On a conscience d’avoir été un peu vite sur la fin de la route entre Dushanbé et Khorog et on se promet de prendre plus le temps ici dans cette vallée du Wakhan.


Et c'est reparti pour plus de 200 bornes le long de la frontière afghane.


Après la sortie de Khorog, on se retrouve vite au milieu de rien ! Notre chère rivière Penj est toujours là ainsi que l’Afghanistan, de l’autre côté ! La route est agréable, asphaltée et en bon état. Un léger vent de dos nous pousse vers le sud. On nous avait dit que cette partie ressemblerait beaucoup à ce qu’on a vu entre Khorog et Kalai-khum mais finalement nous on ne trouve pas trop ! les montagnes sont moins hautes et moins abruptes et on continue de découvrir des nouvelles perspectives après chaque montée, après chaque virage. Bref, c’est toujours aussi beau…on adore, le Tadjikistan continue de nous enchanter ! Pour la première pause déjeuner, on a la chance de trouver un restaurant ! Génial ! Repos très apprécié avec l’habituelle bouteille de RC Cola, très populaire ici. Et oui, depuis quelques temps on boit avec grand plaisir notre litre de soda quotidien...l’avantage de faire du sport toute la journée, on ne culpabilise jamais de se nourrir de Snickers ou d’ingurgiter un litre de coca en moins de 5 min !


Repérage de l'endroit le plus plat et le plus moelleux pour un bivouac 4 étoiles!


La route jusqu’à Ishkhashim est assez facile, le vent nous poussant constamment et le bon état de la route nous permettant d’avancer vite. Au troisième jour on arrivera au niveau d’une ile un peu avant Iskhashim, sur la rivière, que Tadjiks et Afghans utilisent comme une zone neutre pour y organiser un marché transfrontalier. Malheureusement, suite à des instabilités dans la région (mais 0 danger pour les touristes rassurez-vous !), le marché est suspendu jusqu’à nouvel ordre. Dommage, on avait bien envie d’approcher de plus près ce peuple afghan qui continue de nous fasciner.


A la sortie d’Iskhashim on tombe sur un magnifique monticule de terre au sommet duquel reposent les ruines d’un fort massif. On s’accorde une petite pause pour visiter ce joli site utilisé depuis le 3eme siècle avant J-C ! Dans la foulée, on se rend dans un petit musée à côté du fort. Tenu par un vieux Wakhani, celui-ci prend le temps de nous montrer sa collection d’objets antiques des habitants de la vallée et de nous expliquer quelques coutumes et vêtements traditionnels (mais pas en anglais, faut pas rêver !). On entre aussi dans une pièce typique des maisons Ismaélites, faite de 5 piliers en bois et organisée autour de 4 estrades distinctes. On y reconnait la photo de l’Aga Khan, un millionnaire vivant en suisse qui a sauvé la région pendant la guerre civile et a doté le Pamir de grosses infrastructures (routes, université, hôpital…). Il est complètement vénéré dans la région au point qu’ici on voit plus sa photo que celle du président c’est pour dire !


L'intérieur typique des maisons ismaéliennes avec les 5 piliers et les 4 carrés qui s'entrecroisent au plafond.


On continue notre route dans cette magnifique vallée du Wakhan, et c’est sur une butte boisée que l’on pose notre campement pour la soirée. Notre routine est bien rodée maintenant, on s’accorde quelques minutes pour souffler, manger un bout et éventuellement se faire une petite partie de backgammon ou autre. Puis on monte la tente et on prépare la bouffe. Mais la vallée du Wakhan est l’occasion d’une nouveauté dans notre routine : le filtrage de l’eau ! En effet, l’eau potable est plus difficile à trouver ici et si certaines sources coulent clairement de la montagne, on a du mal à faire confiance aux locaux qui nous affirment que l’eau est propre lorsqu’on les voit boire à même des tranchées à côté desquels paissent tranquillement les animaux ! Du coup on commence à filtrer systématiquement l’eau à l’aide d’une paille filtrante (Merci Alice !) très efficace mais extrêmement lente ! On a développé une technique très simple pour faciliter le processus, on s’assoit sur la bouteille à filtrer pour accélérer le passage de l’eau à travers le filtre. Plus qu’un quart d’heure pour filtrer un litre et demi d’eau maintenant ! Avec nos 5 à 6 litres d’eau par jour et par personne en moyenne on vous laisse calculer le temps que prend le filtrage de l’eau dans notre quotidien !!


Simple filtrage d'eau ! :-p


Le lendemain on passe le très joli village de Shitkarv. Ce village nous a surtout marqué par son nom on ne peut plus approprié ! Et oui c’est vraiment ici qu’on dit définitivement adieu à l’asphalte et qu’on commence à rouler sur un mélange de sable, de cailloux et de tôles ondulés absolument horrible pour les vélos ! Heureusement, on n’est plus très loin du village de Yamchun où l’on prévoit de s’arrêter une demi-journée pour profiter de ses fameuses sources d’eau chaude. Après une piste allant de pis en pis, une route raide comme jamais nous amène au homestay de Akim et Mathob. Heureusement des enfants nous aiderons généreusement à pousser les vélos ! Arrivés au homestay, Cécile se sent très mal…un coup de soleil dans la nuque est vraiment douloureux, la pause d’1h en plein cagnard pour discuter avec un couple d’autostoppeur croisé en chemin a été fatale…Nous décidons quand même de grimper en haut de la colline pour rejoindre les sources d’eau chaude, on en rêve depuis plusieurs jours ! On abandonne vite l’idée d’y aller à pied quand un gros 4x4 nous propose de nous emmener là-haut. Et oui on nous avait annoncé « 3km easy » pour les atteindre en fait c’est 3km a flan de montagnes ou 8km en suivant la route !


On ne nous avait pas menti, les sources de Bibi Fatima sont en effet impressionnantes : l’eau chaude coule a même la roche, une vraie douche naturelle ! Nous passons alors à tour de rôle (les bassins sont non-mixte), quelques dizaines de minutes à se relaxer dans le plus simple appareil et à se masser et discuter avec les quelques tadjiks présents. Un tadjik confiera ainsi à Edouard qu’il est marié depuis 7 ans (il a 27 ans…) et vient ici afin de profiter des bienfaits de la source sensée apporter fertilité à ceux qui s’y baignent et boivent de son eau. Edouard suivra jusqu’au bout les traditions : boire l’eau de la source, se hisser dans une petite grotte, plonger dans l’eau et ramasser une poignée de sable puis compter le nombre de petits cailloux blancs pour connaître le nombre d’enfants qu’il aura. Résultats : 11…heeeeuuu….


La baignade terminée, on redescend chez Akim, Cécile se sent de moins en moins bien…Il semble clair qu’elle a une petite insolation. On décide de vite aller se coucher et de voir le lendemain si ça va mieux. Au matin, Cécile est clouée au lit, fiévreuse, pas d’appétit, on abandonne le départ et on reste une journée de plus dans la petite maison d’Akim et Mathob. Mathob est aux petits soins avec Cécile, elle demande tout le temps de ses nouvelles et insiste pour qu’elle mange un peu ! Les repas sont simples ici, un peu de soupe avec des pommes de terre et des oignons, quelques pates et des herbes du jardin. Mathob nous sert également du pain fait maison mais peu de fruits et légumes, nous ne sommes qu’en juillet et la saison commence tout juste ici. Lola, leur fille, nous emmène visiter le jardin où les pieds de tomates sont en fleurs et le blé est vert. Elle nous montre aussi un poulailler et un clapier où poules et lapins sont étrangement enfermés dans le noir ?! Bref, Cécile restera clouée au lit et Edouard profitera de cette journée pour un peu de détente et un deuxième passage dans les sources de Bibi Fatima. L’occasion également d’apprécier la magnifique vue depuis le fort de Yamchun en haut de la montagne.


La sublime forteresse de Yamchun qui offre une vue à couper le souffle sur l'ensemble de la vallée.


Le lendemain, la fièvre est tombée, Cécile est en pleine forme les thés ultras sucrés et soupes chaudes de Mathob ont été bien efficaces ! On quitte donc le « Akim homestay » pour reprendre la route vers Langar et la fin du corridor du Wakhan. La route est rude et il n’est pas rare de devoir pousser les vélos dans de larges sections de sable. Cécile se sent encore fatigué après son coup de fièvre et à 15km de Langar, le passage d’un camion est trop tentant, on finit en stop ! 30 minutes de trajet en compagnie de quatre Wakhani un poil alcoolisé qui ne cesserons de nous proposer Vodka et Bière et nous poserons pas mal de questions, pas toujours très fines ! Mais un trajet plutôt sympathique qui nous fait aussi vraiment réaliser certaines réalités de la région…Arrivés à Zong on reprend les vélos pour 5km vers Langar, la vallée est très large et incroyablement verte ici, les allées et villages sont constellés de grands arbres. On distingue toujours les sommets enneigés de l’Hindu Kush pakistanais derrière les abruptes montagnes Afghanes. Et oui le corridor du Wakhan afghan est très étroit par endroit et on est à seulement quelques mètres de l’Afghanistan et quelques kilomètres du Pakistan !


De l'autre côté de la rivière, les abruptes montagnes afghanes continuent de nous surplomber. Au delà on aperçoit les sommets enneigés des montagnes pakistanaises.


Arrivés à Langar, Ché nous alpague, c’est un jeune de 24 ans qui fait le taxi entre Langar et Murghab dans une vieille Lada, il nous propose de nous emmener à Murghab en taxi mais surtout de nous héberger chez ses parents, à deux pas. On réfléchit un peu, vu la galère d’aujourd’hui dans la piste et le sable, on se dit qu’il peut être intéressant d’esquiver au moins la première partie de la montée vers le plateau du Pamir : 15km de piste sablonneuse très raide où pédaler sera compliqué. On a une amie qui roule devant qui a déjà opté pour cette solution et deux cyclistes croisés dans l’autre sens nous ont également conseillé d’esquiver la montée…On hésite longuement mais on finit par se laisser tenter, aller on fait les 20 prochains kilomètres en taxi. On est déjà bien fatigué et on n’a pas envie de se griller pour la suite. Surtout que devant nous, nous attendent trois jours de vélos au milieu de nulle part: pas un seul village, pratiquement aucune voiture, une piste toujours aussi pourrie et surtout on va franchir pour la première fois la barre des 4000 à vélo ! On se retrouve donc chez Ché pour négocier le prix du taxi (un rude négociateur ce Ché, il les connait les touristes !!) où l’on dormira sur la terrasse du jardin, aux petits soins d’Amon Begin, sa mère qui nous préparera des œufs et du pain excellent pour le diner et le petit-déjeuner du lendemain.


Et on pousse, et on pousse, et on pousse !


Lorsqu’on descend de la voiture le lendemain, après 1h pour 20 laborieux km (on a dû faire quelques stops pour faire refroidir la lada !), on est en pleine forme, on a hâte et on est excité d’arriver dans ce dernier tronçon avant la remontée du Pamir. On est passé de 2500m à Langar à plus de 3000m et on sent que le souffle se fait plus court. On admire sans se lasser, les paysages fantastiques qui nous entourent et qui nous permettent de tenir le coup. C’est dur, la piste est un mélange de sable et cailloux et nombreuses sont les fois où l’on doit descendre des vélos pour les pousser. On voit passer deux ou trois voitures par jour, la plupart du temps des touristes mais peu s’arrêtent, on est vraiment seuls au monde. L’altitude commence à se faire sentir et être difficile à supporter, surtout pour Edouard qui perd l’appétit et à très envie de dormir. Cécile encaisse comme elle peut la fatigue, mais la difficulté des pistes pèse sur son moral. Dès que ça monte un peu, plus assez de jus pour maintenir le vélo dans le sable et éviter de buter contre les cailloux. Et à chaque fois il faut retenter 3-4 fois de relancer le vélo qui patine dans le sable ce qui est chaque fois épuisant. Un peu découragée, Cécile fini par pousser de plus en plus son vélo ce qui est à la fin encore plus crevant que pédaler. Heureusement super Edouard (<3) est toujours là pour l’encourager et n’hésite pas à revenir plusieurs fois en arrière l’aider à pousser voir carrément monter le vélo à sa place quand la fatigue prend le dessus !


Heureusement, c'est tellement beau, on ressent un tel sentiment de plénitude à se sentir ainsi seul au bout du monde que la nature nous aide régulièrement à retrouver le moral quand la route est trop éprouvante!


On avance ainsi doucement, mais sûrement! Le premier jour, on fera seulement 30km en 4h30 de vélo sans compter toutes les pauses, les montées/descentes du vélo…bref, autant vous dire qu’on est lent, très, très lent ! Le deuxième jour même chose ! A noter qu’on aura la chance de voir des chameaux de l’autre côté de la route et 4 afghans sur leurs chevaux qui nous surprendrons en sortant leur smartphone dernier cri pour nous prendre en photo depuis l’autre côté de la rive alors qu’on imaginait une caravane digne de Marco Polo ! Ralala l’imagination des touristes ! On s’arrêtera après 25km, la journée ayant été aussi épuisante physiquement que moralement et Edouard étant trop fatigué par l’altitude pour continuer… (ce soir-là je crois qu’on sera couché à 18h !). Le troisième jour commencera par la fin de montée au col à 4344m qui finalement sera plus facile que prévue avec une pente pas si raide et une piste en meilleure état. Les paysages sont toujours aussi beaux : on croise deux lacs turquoises sublimes, derrière nous on distingue encore les sublimes sommets enneigés de l’Hindu Kush, les marmottes rousses continuent de courir autour de nous.


Moral au beau fixe: c'est beau, il fait beau, la vie est beeeelle! Bon et surtout il nous reste à peine 200m de dev avant le col!


Le col n’est pas très marqué et on n’arrive pas vraiment à savoir quand on l’a vraiment passé. Mais si, là, ça commence vraiment à descendre...youpiiiiii, c’est finiiiiiii, we di dit ! A présent des kilomètres de descentes nous attendent puis à nous l’asphalte !! Grrr mais non, une dernière épreuve nous attend… La redescente vers le plateau sera finalement encore plus difficile que la dernière montée vers le col ! toujours du sable, qui nous empêche de rouler sereinement et si la descente soulagera grandement la difficulté physique, cela restera dur moralement, on a toujours l’impression de ne pas avancer.


Et le classique snickers pour célébrer le passage du col ! Notre premier col au dessus des 4000m!


De ce côté, les paysages prennent peu à peu les aspects de ceux du plateau du Pamir. De larges vallées entourées de montagnes rocailleuses multicolores et pour ainsi dire aucune végétation. Des paysages complètement surdimensionnés, on se sent minuscule ! On ne s’arrêtera pour manger que lorsque nous reverrons l’asphalte de la M41 à 15h soit 2h plus tard que ce qu’on avait prévu ! La vue est sublime, on est franchement heureux et fière d’avoir parcouru cette vallée du Wakhan même si on a triché et fait une partie en voiture ! Au final on ne regrette vraiment pas d’avoir pris cette route. Au-delà des paysages majestueux traversés, cette semaine de vélo nous aura vraiment fait repousser nos limites et permis d’apprendre beaucoup sur nous.


Bon ok on est tellement content qu'on se laisse un peu aller !


Sur les derniers kilomètres d’asphalte nous séparant d’Alichur, alors qu’on s’arrête pour admirer un autre lac magnifique, on se fait rattraper par un groupe de 7 cyclistes ! Et dans le lot on en connait déjà pas mal. D’abord, Anne-Flore et Martin, deux français avec qui on est en contact depuis l’Iran et qui sont les fameux amis d’amis rencontrés à Dushanbé. Puis Victor, un autre Français qui les a rejoints. Bernard et Marie sont deux allemands en voyage pour 3 mois et qui ont plus ou moins suivi le même itinéraire que nous (on les avait rencontrés à Dushanbé). Et enfin, les deux Shauna, une irlandaise et une écossaise qui voyagent ensemble et que l’on avait croisé à l’ambassade Turkmène de Téhéran et à Dushanbé aussi. C’est un vrai plaisir de rouler avec ce gros groupe, on partage nos émotions sur la vallée du Wakhan, ils ont été plus rapides (2,5 jours depuis Langar et sans tricher : chapeau !!) que nous mais en ont pas moins bien bavés. La route asphaltée semble nous aspirer vers Alishur après ces trois laborieux jours. On ne perd pas une miette du paysage et lorsqu’on arrive au homestay d’Alishur, on se retrouve à 9 à partager une grande yourte et s’il n’y a pas de bières, on trinque joyeusement à coup de RC cola et de chocolat. Le homestay n’a pas de douche…mais un sauna « Russian-style » ! Le pied ! Ça fait tellement plaisir de se détendre avec un peu de confort !


Retrouvailles avec les 7 warriors de la Wakhan.


Le lendemain, on prend la route de Murghab. 105 km d’asphalte et de vent de dos dans des paysages sublimes : le rêve ! On papote beaucoup avec nos nouveaux compagnons, c’est un vrai bol d’air frais, ça nous fait énormément de bien ! La route est sublime, les paysages sont vraiment grandioses, tellement démesurés ! Les quelques photos qu’on prend ne leur rendent vraiment pas hommage. En à peine 4h30 on couvre la centaine de kilomètre depuis Alishur et on passe sans même s’en rendre compte notre second col à plus de 4000m. Arrivés à Murghab on retrouve une yourte à partager avec notre petit groupe et cette fois-ci, on célèbre à coup de bières et chips !

Murghab est assez surréaliste, une ville, faite uniquement de maisons blanches, toutes de plain-pied et où il n’y a pas l’électricité. A noter aussi son célèbre bazar: une rangée de vieux conteneurs où on trouve beaucoup de choses, des fruits et des légumes, plein de bouffe mais aussi de quoi réparer voitures, motos ou vélos ! La ville est assez fascinante et l'on décide de se poser une journée entière pour faire quelques réparations et prendre le temps de se reposer.


La ville de Murghab, complètement hors du temps!


Au premier réveil à Murghab, on se prend un énorme petit déj. Les serveuses doivent un peu halluciner en nous voyant redemander sans cesse du pain. A tel point que cette orgie reste un peu sur l’estomac d’Edouard. Il n’a pas vraiment faim à midi mais bon il faut reprendre des forces et donc il mange à midi et à partir de ce moment, ça dégénère…Un mal de ventre constant le prend et il passe une bonne partie de l’après-midi au lit en attendant que ça se passe. Tous les cyclistes sont tôt ou tard un peu malade sur le pamir mais c’est souvent des nausées ou des diarhrées (mm glamour !), éventuellement quelques crampes de ventre. Mais là rien de tout ça, juste une douleur constante, assez difficilement supportable que spasfon et doliprane ne réussissent pas à calmer. Il finit par vomir son repas du midi sans amélioration notable. S’en suit la nuit la plus horrible du voyage, impossible de dormir ni même de rester plus de 5 minutes dans la même position. On essaie de contacter l’assistance pour obtenir une aide médicale mais on a juste une infirmière qui nous conseille de consulter et ne nous apporte aucun conseil supplémentaire.

Le lendemain, une ambulance nous emmène à l’hôpital de Murgab ou un docteur fait un diagnostic rapide, sans examen avancé. En gros « vous dormez sous la tente ? Ah bah c’est un coup de froid !. Nous ne sommes pas trop en confiance, et nos amis nous conseillent d’aller à Osh, ou nous serons mieux soignés...Tout le monde craint un peu l’appendicite... Cela signifie dire adieu à la fin du Pamir, aux 200 derniers kilomètres que nous avons tant attendus…mais ne sachant pas ce qu’a Edouard et la douleur n’ayant pas diminué d’intensité depuis presque 24h tant pis, on ne veut pas prendre de risque et on se fait rapatrier par la première voiture au départ de Murghab…10 heures de difficile trajet en voiture où nous aurons du mal à vraiment apprécier les paysages secoués dans le gros 4x4 avec de la techno russe à fond les ballons.


Tentative de sourire après une nuit bien difficile!


A Osh, nous serons vite pris en charge à l’hôpital, après une échographie, le médecin conclura à une Gastrite aigue, il prescrira des médicaments à Edouard pour calmer la douleur et réparer son estomac. Rien de bien grave ouf ! On l'avoue, on a quand même bien eu peur et Cécile aura passer les 10h de voiture à s'imaginer devoir opérer Edouard d'une appendicite à plus de 4000m d'altitude à coup d'opinel et de mercurochrome (influence des séries, nooooon pas du touuuuut!). Au final, Edouard devra surtout suivre une diète sévère pour les prochains jours. Très peu de nourriture uniquement des yaourts et à la limite de la purée. On restera donc quelques jours à Osh pour se reposer et décider si on repart en arrière pour finir les 200 km de route qui nous restait à parcourir au Tadjikistan et que l’on attendait tant ou si l'on continue vers l’avant à l’assaut du Kirghizistan !


Sinon vous trouverez ICI l'ensemble des photos qu’on a eu du mal à trier tellement on a bombardé ces derniers temps ! Et si ça vous semble beau, dites-vous que c’est 1000 fois plus beau en vrai, malheureusement nos talents de photographe n’étaient vraiment pas à la hauteur des paysages traversés !